Cult Of Luna – Vertikal II
Cult Of Luna
Density Records
« Vertikal II », c’est du bonus, la version longue, les minutes additionnelles d’un film, non pardon, du film. Celui-là, c’est « Vertikal« , et en voici la version « director’s cut », soit une demi-heure en plus. Une bonne manière de prolonger l’expérience tout en plaçant des suppléments sur l’édition limitée. Cela représente ces instants où les personnages sont étoffés, les scènes d’action plus lisibles, l’atmosphère détaillée, dépiautée et, pour tout dire, l’histoire rendue compréhensible. Les férus et autres fans ultimes ne peuvent voir que cette version, à l’instar de « Metropolis », du « Seigneur des Anneaux », des « Watchmen », ou encore de la filmographie quasi-complète de Ridley Scott. Sinon, ils auront vraiment perdu quelque-chose et passeront pour, au mieux, de gros loosers. « Vertikal II », c’est un peu ça. Mélodies et chant clair y sont plus appuyés, l’ambiance est, comme qui dirait, allongée, montrant que le groupe/réalisateur n’a pas perdu de vue sa vision première et propre. Revenir là où on l’avait quitté sans utiliser la fonction « résumé ».
Dès le premier son, on se retrouve dans cette ville tentaculaire et grise qu’on avait quittée quelques mois auparavant, le sommet de l’industrie et de l’esclavage des masses. On y retrouve cette mélancolie rageuse qui pointe le bout de sa ferraille au milieu des rythmes des machines, cette émotion toujours voilée, toujours évanescente, un souffle de fumée dans une hiérarchie d’ordres plus stupides et aberrants les uns que les autres. Si la surprise et la force ne sont plus au rendez-vous, le souvenir, fugace, est lui d’autant plus présent comme une piqûre de rappel.
Quant au remix de Justin Broadrick… Bah oui, il faut bien en dire deux mots, alors allons-y. Concerant la plupart de ces exercices qui consistent à bidouiller un titre, nous ne sommes pas si hermétiques que ça, avouons-le, à condition que ce soit bien fait, tout comme la position du lotus ou la sodomie. Pas bancal, plutôt correct même, bien qu’inutile, on se dit qu’il a sa place en fond sonore lors du repassage dominical. Et si cette pointe de cynisme gratuite est de mise, il est difficile de voir une autre fin, même en retournant le script.
Pour faire simple, c’est comme voir le générique final, et là oui, on se dit qu’on a vu le film en intégralité. Alors rippez vos disques, mettez tous les titres sur votre liste de lecture et vous aurez le véritable aperçu. « Vertikal II » un bonus ? Non, la pièce indispensable.
Jérémy Urbain (8/10)