Cult Of Luna – Salvation (Earache 2004)
Cult Of Luna
Earache
Un coup de poing, une praline, une mandale, une châtaigne, voilà en peu de mots l’impression que j’ai reçue la première fois en posant mes oreilles sur « Salvation ». A ce moment, de Cult Of Luna, je connaissais déjà les deux albums antérieurs. J’avais bien percuté sur cette puissance, cette lourdeur toutes droites sorties d’un cataclysme. J’avais tout aussi bien percuté sur cette portée émotionnelle qui, mine de rien, arrivait tant bien que mal à se frayer un chemin dans ce magma de lourdeur. J’avais saisi mais, oh, mais non, je n’avais pas perçu de quoi « Salvation » était forgé. Le groupe Suédois avait bien la puissance, la force de frappe digne d’un bombardier, mais maintenant, il avait acquit l’émotion, la finesse dans la rage, l’aérien dans le tellurique. Cult Of Luna laisse le temps à ses compositions de monter, de la note minimale à l’explosion colérique. Son hardcore, de prime à bord outrancier, typiquement « années 2000 », se laisse diriger telle une montgolfière par ces accents mélodiques et cristallins.
Une touche post-rock qui laisse davantage de place à l’émotion, et du ressenti dans cet océan de souffrance. Car il ne faut pas se tromper, sa colère en est d’autant plus prégnante et collante. Ses accès de rage se font plus patients qu’ils gagnent en maturité et en énergie quasi dévastatrice. Oui, parfois, ça fait mal, ça scotche l’épiderme dans les brusques montées et rugissements, ça nous envahit lorsque l’ambiance se pose, délicate et mélancolique, ça nous transporte dans les répétitions progressivement amples qui nous piègent aussi efficacement qu’une tapette sur une souris. C’est fort, intransigeant, et toujours aussi frondeur, rapace, brut.
De « Salvation », il n’est pas nécessaire ne d’en écrire une trilogie, ce serait trop long. Tout juste faut-il retenir que l’album est ENORME et vous poursuivra pendant longtemps. La preuve, vivante qui plus est : cela fait déjà huit ans que je suis sous son emprise… Un coup de poing, une praline, une mandale, une châtaigne !
Jérémy Urbain (9/10)
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