Cold Reading – Sojourner
Krod Records
2017
Cold Reading – Sojourner
Après quelques incursions dans le « Jurassik Park » progressif, il fallait que je retrouve un peu de fraîcheur et c’est le jeune combo suisse Cold Reading qui m’en a procuré avec son « indie-emo » tout sauf convenu. Suite à un premier album, Fractures & Fragments, bien léché qui lui a permis de se lancer sur les routes d’Europe et notamment du Royaume-Uni, ce quatuor fort doué revient aux affaires avec un EP de quatre titres qui ne laisse pas indifférent.
On parle d’« indie » quand un groupe n’est pas formaté par une « major » pour être positionné sur les sentiers de la gloire et du « mainstream ». Celui-ci dispose donc d’une liberté totale d’écriture et est signé sur un petit label qui en veut (ici Krod Records). C’est bien ce qu’on ressent à l’écoute de Sojourner dont le propos musical n’est pas confiné au classique schéma « couplets/refrains ».
On sent toutefois que le single « Books & Confort » a plus ou moins été taillé pour la radio. Cependant, la ritournelle bien balancée mais un peu facile propose quelques changements de rythme qui ne la font pas sombrer dans le schéma précité en particulier lors du passage mid-tempo final.
Le groupe montre plus de personnalité sur « Sojourner », une ballade tristounette qui se métamorphose rapidement sous l’effet d’une rythmique syncopée très pertinente.
Cold Reading revient à des choses plus légères le temps d’un « Road & Peril » alors qu’un break de rythmique salvateur empêche cette « route » d’emprunter les sentiers battus.
Au-delà de ces trois premières plages diversifiées, j’ai pleinement accroché au dernier titre « Scratches » dont les circonvolutions progressives initiales sont un prélude parfait à une montée en puissance qui lance pleinement ce titre caméléon dépassant les six minutes.
Le côté « Emo » est complètement dévolu à son chanteur, Mike Portmann, auteur des textes dans lesquels il exprime ses sentiments par rapport au développement personnel de soi qui nécessite d’affronter ses peurs.
La plupart des rythmiques s’appuient sur la guitare cristalline et très rarement saturée de Christian Limacher qui colore musicalement le paysage de Cold Reading bien que le travail à la basse d’Arthur Londeix et à la batterie de Marc Breitenmoser ne manque pas non plus de personnalité.
Le groupe a des idées et les exprime parfois de façon inattendue. C’est certainement ce qui fait le charme et l’originalité de leur « indie-emo » dans un créneau musical bien embouteillé.
Si les grands méchants loups de l’industrie musicale ne les croquent pas, nos petits Suisses pourraient fort bien s’inviter régulièrement à la table de mélomanes bien plus avertis que ceux qui ont l’oreille rivée aux radios « mainstream ».
Rudy Zotche
www.facebook.com/coldreadingband