Chancellors – Watch The Colors Change
Autoproduction
2017
Chancellors – Watch The Colors Change
Les chanceliers parisiens déboulent avec leur premier album, Watch The Colors Change, qui suit l’EP 3 titres Red Oak Grove sorti en 2014 et dont le seul « Twin Paradox » est repris ici. Alternatif et varié, l’album s’annonce comme un mélange d’influences où le post-rock et le math-rock ont la part belle de la large palette sonore. Chanté en anglais (mais pourquoi donc, m’interrogerai-je toujours…), l’album comporte neuf titres, dont quatre instrumentaux (on comptera dedans les titres avec juste des vocalises ou celui avec une voix féminine parlée). Présenté comme ça, on se dit que l’album n’a guère enchanté le chroniqueur… Eh bien détrompez-vous !
Sous ses airs de ne pas en avoir l’air, Watch The Colors Change est un album intéressant à plus d’un égard, malgré quelques petits défauts que l’on qualifiera de jeunesse (une diversité dans les morceaux et leur traitement qui semble montrer que le groupe cherche encore sa direction – mais est-ce un défaut ? –, un chant en anglais qui pêche un peu par son accent, mais surtout un mastering qui a tendance à écraser la dynamique de l’album)…
Néanmoins, on extraira facilement quelques pépites aux gouaches chatoyantes. Déjà, avec les jolis arpèges de « Jökulhlaup », on embarque dans un paysage aérien aux volutes lourdement marquées par une caisse claire à l’écho puissant, ce qui donne le ton, sans coup férir, avant que les vocalises ne donnent un aspect encore plus spatial au titre. « Summit » permet de mieux découvrir la voix de d’Yvan Guérin et son petit côté David Sylvian au début. Derrière, ça martèle un peu plus fort, le tout ponctué de breaks réussis, notamment par le batteur Jérémie Legrand. Le long « The Hidden Part Of The Iceberg » laisse la part belle aux guitares d’Yvan et de Sly Lc, ainsi qu’à la basse de Jean-Christophe Condette (un titre qui doit donner toute sa dimension heavy sur scène). « Guru For Larry » enfonce le clou post/math-rock, malgré la voix parlée de Carole Cohen qui, au final, n’apporte pas grand-chose au morceau. Mais c’est « Twin Paradox » qui remporte mes faveurs avec son ambiance et ses mélodies me faisant étrangement penser au meilleur Creed (l’instrumental « Bodliak / Zihl’ava » renforçant d’ailleurs ce sentiment, notamment dans sa seconde partie). L’album se termine par un « Tempus Fugit » qui n’a rien à voir avec celui de Yes, se présentant plutôt comme une aquarelle dans le monde relativement musclé des Chancellors.
Watch The Colors Change pourrait s’appeler « Écoutez les couleurs changer », et c’est cette apparente imperfection qui m’a emballée. Chancellors est sans doute un groupe qui se cherche, qui explore, et cet aspect est rafraîchissant au cœur d’une production actuelle où les groupes tendent à l’uniformité pour cibler un public. On laissera le groupe creuser son (micro)sillon vers un deuxième album tout aussi chamarré. Les Chancellors sont multicolores, et ça leur va très bien !
Henri Vaugrand
https://www.facebook.com/chancellorsofficiel/