Bruce Dickinson – The Mandrake Project

The Mandrake Project
Bruce Dickinson
BMG
2024
Lucas Biela

Bruce Dickinson – The Mandrake Project

Bruce Dickinson The Mandrake Project

La carrière solo de Bruce Dickinson a coïncidé avec le moment où Iron Maiden enregistraient leur huitième album, No Prayer For The Dying. L’idée était de faire autre chose que du metal. Ça a été le cas sur les trois premiers albums de son projet solo. Ensuite, sur le conseil de son guitariste, Roy Z, l’ex-Samson est revenu à ce qui a fait son succès, le heavy metal. Malgré un retour au sein d’Iron Maiden et les tournées pharaoniques qui s’ensuivirent, le chanteur trouva le temps d’enregistrer de nouveaux albums solo. The Mandrake Project est le dernier en date, et il est partagé entre des morceaux au style qui ont fait la gloire du groupe qu’il a rejoint en 1981 et d’autres où il a l’occasion de partager son amour d’autres styles de musique.

Sur le versant des morceaux heavy, le single d’ouverture, « Afterglow Of Ragnarok » est plutôt convainquant. On retrouve le Bruce à son meilleur, des graves menaçants et des aigus lamentés dans sa voix pour contraster les ambiances dans un morceau galopant au refrain anthémique, comme à la grande époque du NWOBHM (New Wave Of British Heavy Metal). Avec « Eternity Has Failed », le spectre du metal revient au galop : comment ne pas penser à « Alexander The Great », d’autant plus que l’introduction avec son charmeur de serpents à sonnette, nous propulserait en pleine Egypte. Mais les galops feront par la suite place à un pont instrumental où la vitesse donne l’occasion à la guitare et aux synthés de briller. Le leader d’Iron Maiden brille tout autant dans ce titre qui n’a rien à envier aux heures de gloire du fleuron du NWOBHM. Le dernier titre évoluant dans des climats heavy, « Mistress Of Mercy » met le turbo dès le départ et nous propose un road trip les cheveux dans le vent. Mais dans le virage, quand le véhicule ralentit, on croit voir le mirage d’un motif emprunté à Frumpy (écoutez à 5’30 du « How The Gypsy Was Born » de cette formation allemande) avant que Roy Z ne nous gratifie de nappes de guitare hypnotisantes. Tout au long de la virée, Bruce impressionne en roulant avec assurance sur la highway des highnotes.

Bruce Dickinson The Mandrake Project Band 1

Ailleurs, la déception l’emporte sur l’enthousiasme. Sur un morceau comme « Many Doors To Hell », c’est un excès de suraigus qui nous assomme dans un morceau qui ne décolle jamais. L’Hammond et le violon auraient mérité d’y être davantage mis en valeur. Il y a aussi ces morceaux qui sont torpillés par une répétition ad nauseam (jusqu’à vingt fois !) du titre ou partie du titre. Ainsi, malgré d’intéressantes parties d’Hammond « gothiques », les mots de « Rain On The Graves» sont répétés trop souvent. Il en va de même avec « Resurrection Men », qui se distingue néanmoins par les belles interventions « western » du duo guitare/percussions et par une désolation qui prend aux tripes dans la voix. Mais la palme de la répétition revient à « Face In The Mirror », où là rien ne vient au secours de la chanson : avec ses airs de sea shanty du pauvre, même l’océan ne voudrait pas la voir naviguer à sa surface.

Et cela nous amène aux morceaux sans saveur aucune. « Fingers In The Wounds » avec son piano de générique de soap opera et ses orchestrations kitsch de mélodrames, culmine dans le ridicule avec un motif arabisant qui arrive aussi vite qu’il disparaît. « Shadow Of The Gods » cumule aussi les clins d’oeil kitsch piano / orchestrations vus précédemment, avec cette fois-ci un Bruce lassé…et lassant. Mais le morceau est bipolaire, car le bon vieux rockeur a décidé de réveiller ceux qui se seraient endormis dans la première moitié. En effet, une petite fête « groove metal » est improvisée à la suite et ravive le souvenir de Fight, mais sans le panache de Rob Halford. Le morceau de clôture, « Sonata (Immortal Beloved) », est en quelque sorte une version édulcorée de « Believil ». Il est cependant dommage que le beau travail de guitare de Roy Z, dans des tons « gothiques » comme sur le magnifique « Way Of Sumer » des Fields Of The Nephilim n’ait pas amené le morceau vers les ambiances sombres de ce dernier, l’exultation écrasant la lamentation dans le refrain.

Bruce Dickinson The Mandrake Project Band 2

The Mandrake Project est un album en demi-teinte en ce qui me concerne. De très bons morceaux se distinguent par leur empreinte « british steel » des années de gloire du NWOBHM. Ils siègent malheureusement aux côtés de pièces moins reluisantes. Les unes sont ruinées par une répétition exagérée de suites de mots. Les autres portent en elles des embryons d’idée non abouties. Enfin, les dernières ont un goût neutre.

https://www.themandrakeproject.com/

 

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