Botanist – VI : Flora
Botanist
The Flenser
Cette chronique est basée sur un haut pourcentage d’improbabilités aussi flagrant qu’un Inuit chantant du tyrolien au milieu des poules. Alors Botanist, rien que le nom, plaisir des papilles, est un combo américain officiant dans un black metal disons… euh… spécial. Oui, spécial, faute de mieux. Première confrontation : ce cliché du membre fondateur et batteur, jouant en pleine forêt tel un Rambo des hibiscus et plantes grasses d’extérieur. Et puis il y a une histoire dans le concept. Celle des plantes prenant le pouvoir, révoltes aux branches, amenant une apocalypse séminale et forestière terraformant la planète bleue en… vert, transformant l’être humain en terreau pour la nouvelle génération de géraniums. Si dans Matrix l’être humain est une pile alcaline, ici c’est du compost de chez Jardiland. Bon, c’est un script comme un autre voyez, même si je pressens que d’autres plantes ont servi à la confection de cette saga. Rhoo allez… Et comme le délire n’est pas assez poussé, les gaillards ont sorti des hammered dulcimers pour remplacer les guitares (ne cherchez pas non, oubliez les trémolos de guitare). Rappelons qu’il s’agit là d’un instrument folklorique d’origine persane. Bon maintenant, vous commencez à saisir le potentiel de l’ensemble ? Et c’est le cinquième album ici présent. Il se prénomme VI : Flora mais c’est le cinquième, ok ? Cinq, quand même.
Bon, on ne trouvera pas vraiment d’équivalence. C’est assez unique en son genre, hermétique même. Il s’y dégage une atmosphère, une ambiance vraiment particulière qui fait qu’on évite d’un coup de prendre le groupe comme une blague salace de mecs torchés lors d’un enterrement de vie de garçon. VI : Flora s’y découvre lumineux et mélodique, post-rock par instant (inclassable donc) et moins claustrophobique que les premiers disques se révélant, avec le temps, une tige indigestes. Quoi de plus normal quand on sait que Botanist appartient à cette génération appelée « Blackgaze », dont le fer de lance actuel est (cette arnaque) de Deafheaven, entre autres Fell Voices, Vattnet Viskar, Ash Borer et Wolfes In The Throne Room, plus méritants et moins tapageurs. En gros : black + Sonic Youth.
Ça sent l’ermitage, le fait de montrer autre-chose, quitte à flirter avec le ridicule de temps à autre. Mais est-ce un mal ? Surtout que le caractère WTF vient davantage du concept que de la mise en forme. Peut-être pas aussi hypnotique que cela pouvait laisser espérer (parce que, quand même, c’est énorme !), et cela reste aussi étrange que de fixer un rhododendron en espérant qu’il prédise la météo. Et c’est là tout l’attrait de ce combo finalement : le mystère, l’étrangeté, la sensation de jamais-vu.
Cela faisant, Botanist ne fait pas film de série Z chancelant et tout naze, mais davantage comme un bourgeon à l’odeur forte, entre répulsion et attirance, chemin de traverses et orthodoxie. Improbable et séducteur, sans prendre partie pour WWF ou le parti des Verts qui se casse la gueule.
Jéré Mignon
Black metal et shoegaze ? ça se mélange plutôt bien.