Boar – Veneficae
Boar
Lost Pilgrims Records
Ça vient de Finlande, c’est un vivier rigoureux, telle la randonnée suivie d’une séance de sauna avant un dîner copieux autour d’un feu de bois organisé par Terre d’Aventure. C’est exotique, c’est frais et primaire, c’est Boar. C’est découvert sur un streaming intégral sur site/webzine, parce que sinon, ça passe à l’as et la pochette, putain, elle claque. Si ce n’est pas une raison suffisante, je ne sais pas ce qu’il faut pour attirer le lecteur. À l’heure ou Black Sabbath sonne comme un groupe de maison de retraite en Bourgogne avec forfait pour chanteur sous Auto-Tune, qu’Electric Wizard n’effraie plus personne en omettant projections de films nanars à la Cinémathèque, force est d’admettre, par ma barbe taillée avec application, que cela fait du bien. Mine de rien, Boar, sorti de sa ville d’Oulu, ramène une part d’excitation et d’artisanat qui dressent le poil, et l’acquisition récente du vinyle conforte ma barbe urbaine que ce n’était pas juste une impression d’égarement.
Maintenant, tu te dis que le stoner, t’en bouffes à tous les râteliers, que ça pullule, que c’est l’époque… Que veux-tu, le vent en poupe amène de nouveaux rejetons. Mais entre un Saturnalia Temple psychédélique et autre Hexvessel écolo, ce pays du nord a beaucoup plus à offrir qu’un voyage découverte. Entre riffs certes non exceptionnels mais placés à l’endroit qui tache, accélérations groovy, plaisir malin d’une racine tortueuse à piocher dans des styles tels que le sludge, voire le hardcore, et tout ça surfant tranquille sur un feeling 70’s conçu d’après un habile calcul de statistiques, il n’y a quasi rien à jeter.
Attendez, je vérifie, c’est bien ça, « Veneficae » est le second album des Finlandais, les références sont digérées, c’est poissard, rugueux et direct juste comme il faut sur la langue, ça te fuzz un coup psychédélique pour mieux tordre par la suite les cordes du blues ou d’un rock du désert qui se permet une discussion avec le paysage.
Vitalisant un style, qu’on qualifiera de manière contemporaine de vintage, avec ce qui faut de hargne et de virilité (ben, je vais pas refaire un calcul de démonstration !), Boar enterre de suite et avec bons coups de pelle appuyés une grande majorité des combos du genre, comme quoi, c’est beau de regarder plus loin. Depuis, je guette l’apparition de la pochette.
Jéré Mignon
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