Bania au Studio de l’Ermitage, Paris, le 25 avril 2015
Bania en concert au Studio de l’Ermitage, Paris, le 25 avril 2015
Le 24 avril 2015, au retour du travail, je m’enquis auprès de la pétillante amie Intissar si elle a des concerts en vue dans les jours à venir. Elle m’apprend qu’elle va voir Bania le lendemain au studio de l’Ermitage dans le XXème arrondissement de Paris. Ne connaissant rien de cette formation, j’écoute le lien qu’elle me fait suivre. Mes oreilles se gorgent alors d’une musique rythmée et teintée des couleurs de l’Afrique subsaharienne. Conquis, je prends ma place. Eh oui, je suis rapide à me faire une idée sur un groupe ! Le soir du lendemain, après avoir monté non sans peine la rue Ménilmontant depuis la station de métro du même nom, j’arrive à la rue de l’Ermitage. Il est 20h45, une poignée de personnes attendent devant le Studio du même nom. A l’intérieur, la salle est grande comme un appartement de 50 m2, mais offre l’avantage de proposer pour un prix modeste des affiches hautes en couleur propices à l’évasion et à la découverte de musiques venant des quatre coins du monde.
La salle se remplit progressivement, avec un succès certes mitigé au vu des zones clairsemées restantes, néanmoins toujours plus grand que celui que les terres défrichées de l’Amazonie ne connaîtront jamais. L’amie Intissar se présente vers 21h20, accompagnée de trois personnes arrivées des Pays-Bas. De nombreuses autres connaissances d’Intissar sont présentes dans la salle, l’occasion pour moi de sympathiser. Ahmed Djamil Ghouli (du groupe Djmawi Africa), qui avait été invité par son ami Nassim Dendane lors du concert acoustique de ce dernier à Montreuil le 13 décembre 2014, est également là. Etant persuadé de l’avoir aperçu au concert que Dhafer Youssef avait donné la semaine dernière a Clichy-sous-Bois, je me tente à lui poser la question. Ahmed me confirmant sa présence, je me propose alors de lui faire suivre le compte-rendu.
Mais revenons à nos moutons. Sur la scène, c’est dans un premier temps un festival de karkabou (sortes de castagnettes en métal) qui nous attend. Ajoutons des chœurs pleins de ferveur (Intissar me dit que c’est comme des chants religieux), et nous voilà pris dans le tourbillon d’une transe hypnotique. Il n’est alors pas étonnant de voir les corps se déhancher, les bras se lever pour frapper des mains, enfin les bouches s’ouvrir pour reprendre en chœur les louanges. Pour mieux profiter du spectacle, Intissar et moi-même gagnons la mezzanine. Après le concert de karkabou, les différents membres du groupe reprennent leur rôle respectif (guitariste, bassiste, batteur…) et le spectacle se poursuit sur des hymnes solaires et rythmés qui continuent à faire participer activement le public. Tout près de la scène, un spectateur ferait même penser à Michael Jackson avec son chapeau et sa gestuelle inspirée du roi de la pop. C’est un véritable esprit de fête de village qui règne dans le Studio, transformé le temps d’une nuit en institution du « gnawa ».
Mais étendons-nous un peu plus sur les « metteurs d’ambiance ». Deux percussionnistes, deux guitaristes, un chanteur, un joueur de gumbri (sorte de guitare traditionnelle à 3 cordes produisant un son grave), un bassiste et un batteur : huit personnes en tout sur scène ! Le chanteur présente une voix puissante dans laquelle se retrouve la passion d’un Salif Keita. Son enthousiasme est communicatif, tant auprès de ses compagnons de jeu que d’un public rendu aux anges. Le batteur, qui rappelle étrangement Simon Phillips (même bouille avec sa barbe de 3 jours), fait danser ses cymbales et ses fûts pour permettre au public d’entrer en transe. Des membres de l’Orchestre National de Barbès viendront même se joindre au groupe le temps de deux morceaux, faisant passer le line-up de huit à quinze ! Des effluves tout en arabesque s’échappent des claviers, le concert de karkabou reprend avec des voix plus nombreuses, et les murs du Studio résonnent alors aux sons d’une formation agrandie.
On notera également que les joueurs du groupe initial s’échangeront les rôles à un moment, comme pour faire vivre encore davantage l’héritage traditionnel qu’ils partagent avec leur public. Au final, une ambiance festive où une réelle symbiose s’est créée entre une formation vouée entièrement à sa musique et un public en extase.
Lucas Biela
http://www.baniadiwane.com/
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