Auster Loo Collective – Auster Loo Collective
Igloo Records
2024
Lucas Biela
Auster Loo Collective – Auster Loo Collective
Auster Loo est un duo belge très porté sur le rythme et l’improvisation. Il est composé de Simon Leleux aux percussions et à la composition, et de Lydie Thonnard à la flûte et au chant. De manière à étendre leur champ musical et lui donner plus de couleurs, les deux compères se sont adjoints les services de six autres musiciens. Le résultat est l’Auster Loo Collective, véritable carrefour de la diversité, où se croisent des instruments à corde d’Afrique de l’Ouest (kora), du Moyen-Orient (setar) et du Japon (koto, shamisen), ainsi que des percussions d’origines tout aussi diverses. On retrouve également des instruments plus courants dans la musique occidentale tels que le piano et la contrebasse. Sur la couverture représentant une construction eschérienne improbable mais aux contours réunis, c’est l’unité dans la différence qui est sous-tendue.
Avec le morceau d’ouverture, « Kali », on peut se rendre compte que les flûtes contribuent aussi bien à la mélodie qu’à la structure. En effet, avec le côté rêveur et planant comme si les notes se déplaçaient à dos de nuage, c’est le thème principal qui est véhiculé. En revanche, quand les mouvements sont plus agités, on redescend sur terre, pour se retrouver tantôt embarqué dans des festivités japonaises, tantôt déambulant dans des souks. Bien entendu, pour l’assise rythmique, on peut compter sur les percussions omniprésentes mais versatiles. Et sur le plan de la versatilité, quel meilleur exemple donner que « Myo ». En effet, une assurance sans faille y tourne à l‘interrogation. Les collègues de notre directeur artistique joueront de concert pour appuyer ce virage. Pour rester dans le mouvement, avec ses à-coups rythmiques et par le jeu hypnotique de la flûte et des instruments à corde, « Iris » a tout d’une spirale étourdissante. Les volutes tourbillonnantes nous enivrent à la manière du parfum diffusé par un encensoir lors d’une cérémonie religieuse.
Le chant joue également un rôle important dans l’unité de notre octet. Quand « Jeegee » entre en scène, c’est en effet gorgée d’espoir et de béatitude que la voix cimente les différentes interventions, apportant une cohérence et une vision d’ensemble. Le koto y engagera d’ailleurs des conversations intimes un temps avec la contrebasse, un autre temps avec la kora. En voilà une belle image du dialogue des cultures. « Senna », avec la diversité des voix qui se succèdent ou s’entremêlent, et dans un environnement sonore empreint de tolérance et sérénité, appuie également ce respect mutuel des peuples. Cependant, dans les échanges contrastés entre la flûte, le piano et les instruments à corde, « Aruna » vient nous rappeler que le dialogue n’est pas toujours si simple à nouer, qu’il faut parfois passer par des compromis. Et à nouveau, c’est le chant aux accents frêles mais conciliants qui se pose en modérateur pour faire avancer les intervenants sur le même terrain. C’est d’ailleurs lui encore qui remet du baume au cœur dans « Mueo » après que le doute se soit installé. En effet, dans un premier temps, la flûte et le piano y broient du noir, tandis que les cordes semblent désorientées. Une fois le chant passé, l’ambiance devient alors plus décontractée. Les instruments pré-cités se prennent alors par la main à la manière d’une farandole avant de nous éblouir tel un kaléidoscope. Ainsi, dans l’adversité, un réconfort par un tiers nous permet de vaincre les difficultés.
À travers une vaste palette de couleurs, Auster Loo Collective parvient à émerveiller nos sens. Venant d’horizons très divers, les auteurs des tableaux présentés arrivent néanmoins à s’accorder sur les tons et le thème. Voici un bel exemple d’unité dans la diversité. Gageons qu’à l’avenir, Auster Loo Collective continuera à nous surprendre. Et pourquoi pas avec d’autres collaborations encore, quitte à poursuivre l’ambition de partager une même vision à partir de points de vue différents.
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