Aussitôt Mort – La Ride Du Lion
Aussitôt Mort
Adagio830
Dans notre société où nous « découvrons » davantage guidés par le saint-Graal internet que par nos propres moyens, il est difficile de se laisser porter par notre instinct primal de survie, de chasseur et de découvreur. C’est-à-dire que maintenant, si vous entrez chez un disquaire (denrée rare !), c’est que vous avez déjà une grande idée en tête sur ce que vous cherchez. Peut-être savez-vous déjà précisément ce que vous voulez, et qu’après tout, posséder l’objet matériel devient une sorte de coquetterie pour épater quelques amis encore plus blasés. Bon, là, on entre, on prend les courses qu’on venait chercher, comme aller chez Carrefour, et, si le cœur ou le temps vous en dit, on cherche, on barbotte, on trie. Et puis voilà, on tombe sur la pochette. Le groupe ? Connais pas. Label, membres ? Pareil. Depuis combien de temps on n’a pas fait de choix en fonction d’un seul critère désormais désuet ? La pochette ! Même si cela permet de faire un retour en arrière de plus de quinze ans, qu’en est-il de la musique, puisque j’écris cela pour un webzine ?
Aussitôt Mort est un groupe Français qu’on pourrait affilier à une scène screamo à tendance noise-rock ,avec grosse production, mélodies entêtantes et textes désespérés. On pourrait s’en tenir là. Cependant, en deux titres, le groupe, dont je ne connaissais pas les précédents travaux, m’amène le petit vent d’air frais, la jolie surprise. C’est accrocheur avec ces parties de banjo calées au milieu de morceau sur fond de larsens, ça évite le piège du n’importe quoi rythmique, ça reste sur les rails, et c’est finalement tout ce qu’on demande. Tout pour une surprise, et un choix fait sur la base d’une pochette pour rappel. Ce truc refile une pêche monstrueuse tout en travaillant le torticolis.
Des étonnements comme ça, j’en demande plus souvent, surtout quand la puissance est au rendez-vous, le feeling, l’envie, bref, ce qui fait qu’on ne s’est pas planté sur le choix premier, basé sur le postulat lié au pur hasard. Parfois, le hasard a du bon, et ce n’est pas ici comme découvrir une page bandcamp, c’est l’excitation de la découverte réelle, et, en plus, je peux crâner face à mes fameux amis blasés. Que demander de mieux ? Aussitôt Mort, Messieurs, merci pour cet élan de liberté.
Jérémy Urbain (7,5/10)