Anneke Van Giersbergen – Drive
Anneke Van Giesbergen
Inside Out
Depuis son départ de The Gathering en 2006, Anneke Van Giersbergen a alterné en solo le meilleur et le pire (certains esprits chagrins disant alors même que c’est dans la pire guimauve qu’elle était devenue la meilleure). Belzebuth merci, « Everything Is Changing » publié l’an dernier a esquissé un (inespéré ?) retour de spontanéité et d’ambition. Ce come back se concrétise aujourd’hui largement avec « Drive », première collaboration de la belle néerlandaise avec le prolifique label allemand Inside Out. Dirigeant les hostilités avec talent et inventivité, Anneke s’impose désormais comme une excellente compositrice et non plus simplement comme une mystérieuse prêtresse au chant sensuel et évanescent (et oui, les ch’tits gars, l’époque de « Mandylion » est terminée depuis bien longtemps !). Le titre d’ouverture « We Live On » frappe très fort, avec ses guitares aux riffs plombés dignes d’un Paradise Lost sous LSD, son refrain pop imparable et son chant exceptionnel. Autant dire donc que « Drive » a toutes les qualités pour mettre en émoi de très nombreux fans de rock burné et éclectique ! Ses dix compositions jouent en effet tour à tour avec la glace (les ballades oniriques « She » et « My Mother Said », évoquant les tourments d’une promenade solitaire par une nuit sans lune) et le feu (le titre éponyme, branché sur la gégène). Si la hargne lyrique et désespérée est présente au rendez-vous (l’excellent « Forgive Me »), on trouve aussi de délicieuses flagrances ethno-climatiques, notamment sur l’envoutant « Mental Jungle » au contre-chant masculin remarquable. Le tout s’accompagnant plus que jamais de structures typiquement prog-metal (section rythmique à la violence viscérale, constructions relativement complexe des morceaux, six-cordes sortant des forges de Vulcain, etc.). Au final, Anneke signe ici, et de loin, le meilleur opus de sa carrière solo. Vivement la suite !
Bertrand Pourcheron (8,5/10)