Anne Garner – Be Life
Anne Garner
Slowcraft
Anne Garner. Au moment où cette chanteuse sort son dernier et quatrième album, je n’avais encore jamais entendu parler d’elle. Je ne vais donc pas faire comme si je savais, soyons honnête. C’est durant la torpeur d’une de ces courtes journées (de repos) piégé dans l’obscurité, laissant quelques rayons de soleil transpercer le plancher, l’apathie nous concentrant sur des micro-éléments environnementaux que j’ai découvert l’univers impalpable de la chanteuse anglaise, telle une plume glissant sur l’air, décrivant de délicates et lentes arabesques, avant de caresser le sol tout aussi soigneusement. Visualisant cet instant figé, la musique d’Anne Garner devient un leitmotiv d’une beauté retenue et d’une grande élégance qu’on a peur de laisser s’échapper. La rencontre avec James Murray déjà détenteur d’une discographie fournie et d’un dernier album aussi accompli qu’immersif (« Loss ») vers lequel je reviendrai tantôt, n’est pas anodin.
Promoteur du « moins pour le plus », la rencontre de ces deux personnalités en est presque fusionnelle. Sur de simples et touchantes nappes atmosphériques et diverses notes de pianos suspendues, la chanteuse appose sa voix accompagnatrice et son timbre chaleureux. Le résultat s’y découvre aussi charmeur qu’apaisant, proche de la dignité minimaliste d’un Biosphere. Je défis quiconque de ne pas retrouver une âme d’enfant pré-poète rêvant d’allumer les lumières imaginaires du plafond pour y vivre des aventures en apesanteur.
Douceur de brins d’herbe balayés par le vent, intimisme d’une promenade nocturne sous les reflets des néons sur l’eau, comme si en plein milieu de cette plaine emplie de noirceur, d’hypocrisie, d’acouphènes et de compétition stérile, une note de simplicité et d’évasion trouvait sa place. Comme ça, flottante, et dont on ne peut détourner le regard, ne serait-ce qu’une seconde. Il est assez difficile, malgré les écoutes répétées, de séparer un titre parmi les huit délimitant « Be Life ». Ceux-ci sont bercés de ce même climat duveté, même si ce terme est on ne peut plus facile, mais toujours rafraîchissant.
Prenez cet album comme un souffle qui chatouille l’imagination, ou des pieds glissant en équilibre sur un duvet. Un rire, un soupir, c’est tout ce qu’il demande. Quelques minutes d’attention dans un monde qui va trop vite, tweeté jusqu’à l’asphyxie, bloqué dans les théories les plus machiavéliques. Chut ! Écoutez ! Coupez Facebook et le smartphone… Ecoutez… Laissez au moins, ce temps là…
Jéré Mignon
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Merci Jérémy pour cette découverte et cette belle chronique.