Andrea Laszlo De Simone – Le Règne Animal (Original Motion Picture Soundtrack)

Le Règne Animal (Original Motion Picture Soundtrack) 
Andrea Laszlo De Simone
Ekleroshock
2023
Thierry Folcher
Andrea Laszlo De Simone – Le Règne Animal (Original Motion Picture Soundtrack) 
Andrea Laszlo de Simone Le règne Animal
J’ai horreur des remises de prix et autres distinctions. Les cérémonies des César, Molières, Oscars, Golden Globes et consort ne sont franchement pas ma tasse de thé. Les Victoires de ci ou de ça me laissent de marbre, d’autant plus qu’elles ne représentent qu’un fragment bien choisi de toute la création artistique. Les Victoires de la musique me font doucement rigoler et je ne suis pas le seul, croyez-moi. Je ne citerai personne, mais lorsqu’on reçoit le prix du meilleur album de l’année ou celui du meilleur artiste pour des prestations tièdes et sans saveur, il faut que l’élu soit capable de prendre du recul pour ne pas tomber dans un éblouissement aveuglant. Beaucoup n’y arrivent pas et finissent par se brûler les ailes, c’est inévitable. Mais, je dois reconnaître, que de temps en temps, une bonne surprise n’est pas à exclure. C’est le cas cette année aux César avec l’attribution de la meilleure bande originale à Andrea Laszlo De Simone pour Le Règne Animal, le film phénomène de Thomas Caillez. Une musique étrange, onirique qui colle parfaitement à l’ambiance surréaliste du film. Andrea Laszlo De Simone n’est pas un inconnu chez Clair & Obscur. Son album Immensità sorti en 2020 et chroniqué ici même, m’avait profondément séduit par sa pop atmosphérique et ses accointances évidentes avec le septième art (Le clip avec la jeune Bardot de Vie Privée est une petite merveille). La timidité naturelle du personnage transpirait dans une écriture au romantisme appuyé et à la douceur manifeste. Immensità, c’était un tourbillon léger de vingt minutes, regroupé en quatre titres solidaires. Une curiosité, qui à l’époque s’était transformée en véritable coup de cœur. Si je m’attarde un peu sur Immensità, c’est que la musique de Le Règne Animal reprend par moments les mêmes ingrédients, capables de nous amener vers cet enivrement, si joliment addictif.
Au moment où j’écris ces lignes, je n’ai pas encore vu le film (je connais juste le synopsis). Est-ce un mal ? Est-ce un bien ? Je ne saurais le dire. Une chose est sûre, c’est que la musique d’Andrea peut s’exonérer des images même si je trouve que les quelques illustrations sonores tirées du film, aident à la transition des morceaux et accentuent la dramaturgie. L’écoute d’une B.O ne se fait pas comme pour n’importe quel autre enregistrement. Les compositions sont forcément rattachées à des images et la restitution sur disque peut parfois manquer de fluidité et d’homogénéité. Pour Le Règne Animal, ma première impression est assez étrange, car les trente minutes proposées tournent sans heurts ni cassures perturbantes. Bizarrement, la plongée dans cette nature hostile semble lisse, accueillante et porteuse de positivité. Et c’est là que la transposition à l’écran fait défaut. J’ai vraiment hâte de voir le film pour vérifier si mon ressenti est cohérent. Mais ici, je vais plutôt essayer de bien cerner la vision animalière d’Andrea Laszlo De Simone. Je pense qu’en choisissant cet artiste transalpin, Thomas Caillez, lui-même musicien, a voulu se débarrasser de sonorités trop pesantes et manquant d’imagination. Un peu comme le faisait David Lynch avec Angelo Badalamenti, par exemple. La musique devait dégager une impression rêveuse, irréelle et pourquoi pas poétique. En tout cas, c’est ce que je ressens avec en plus, l’amour qui, à mon avis, survole tout et doit être le sentiment fort du film.
Andrea Laszlo de Simone Le règne Animal Band 1
Sur cette B.O. j’ai extrait deux grands moments, deux épisodes majeurs qui peuvent être vus comme des acteurs à part entière du film. Tout d’abord, les trois parties de « Le Vol », car ce sont elles qui dégagent le plus de souffle et le plus de présence sur le disque. Mais aussi, trois passages qui apposent d’emblée la marque de fabrique de leur auteur, celle de Immensità. Les chœurs d’Elisa Fagà y sont divins et le tempo de « Le Vol – Part 2 » dégage une douce énergie incroyable. Sur ces trois mouvements, la musique est à la fois lyrique et recueillie, une prouesse qui pousse autant au repli mystique qu’à la félicité. Et puis, bien sûr, j’ai véritablement le béguin pour « Il Regno Animale », la seule pièce chantée du disque, d’une beauté et d’une force incroyables. La partie finale, avec les deux mélodies qui cohabitent sans effort, fait partie des plus belles choses que j’ai écoutées récemment. Andrea Laszlo De Simone chante dans sa langue natale une ode à l’envol, à la liberté et au décrochage extatique. Je pense que s’il fallait définir le personnage, ce serait pour mettre en avant son besoin d’évasion ou plutôt, d’élévation. Voler, flotter ou se laisser emporter par le vent, ce sont là des éléments majeurs qui semblent correspondre le plus à sa personnalité. La B.O. de Le Règne Animal est riche et accoste d’autres rivages tout aussi passionnants. Les petites touches méditerranéennes, le rythme léger et la pop symphonique de « Devant Toi » par exemple, nous font découvrir une autre facette d’Andrea, plus académique certes, mais tout aussi colorée. « Ombres – Part 1 » et « Ombres – Part 2 » sont, quant à eux, dans un registre plus inquiétant, mais sans réelle menace visible. Autres jolis moments que ceux de « Amour Et Guerre – Part 1 » et « Part 2 » avec un petit clin d’œil à Hans Zimmer (Interstellar) suivis de quelques arpèges de guitare, bien à leur place. Enfin, je terminerai avec l’étonnante respiration de « Petit Moment » et sa douce mélodie rêveuse. Un autre morceau de choix venant compléter une bien séduisante Bande Originale.
Andrea Laszlo de Simone Le règne Animal Band 2
Retrouver Andrea Laszlo De Simone là où on ne l’attend pas (quoique), c’est tout le charme de cette splendide musique de film qui s’écoute d’un trait, sans embûches et parfaitement en phase avec les envolées aériennes, dont notre ami transalpin est friand. Une musique récompensée qui je l’espère va porter son auteur vers une plus grande reconnaissance et une mise en lumière méritée de son grand talent. Pour ma part, il ne me reste plus qu’à voir les images et vérifier si elles renforcent une musique déjà bien évocatrice.

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