Anathema – Judgement
Anathema
Music For Nation
Autrefois chantres torturés d’un heavy doom marqué au fer rouge du désespoir et de la violence, les quatre de Birmingham, touchés par une grâce divine et aérienne depuis « Eternity » et, plus encore, « Alternative 4 », n’en finissaient plus d’évoluer sur la voie pavée de bonnes intentions d’un rock dépressif riche en émotions. A l’image de Tiamat, The Gathering ou encore My Dying Bride, Anathema planait donc désormais sur un metal atmosphérique confondant de beauté, maitrisé avec l’élégance d’un éléphant devenu cygne. Sur ce « Jugement » dernier, le combo pressait le jus de son indicible mal de vivre pour en recueillir de précieuses larmes de sang. Au dessus d’un tapis grondant de guitares électriques déferlant à la vitesse d’un bulldozer en cinquième, la formation déclamait ici un manifeste symphonique bouleversant, digne des plus belles œuvres du Floyd. Toujours poignante, souvent planante (les chœurs féminins stratosphériques, la voix désormais apaisée de Vincent Cavanagh), parfois acoustique (les nappes synthétiques diaphanes, la douze cordes sèche comme du vieux bois), en équilibre parfait entre dérives prog-métalliques et plannances gothico-new-age, la musique de « Judgement » offrait sans coup férir à Anathema le trône de meilleur groupe de rock progressif de l’époque. Anathema…gique !
Bertrand Pourcheron (8/10)