Amorosa – Petit Soleil

Petit Soleil
Amorosa
Cyprès Records
2024
Lucas Biela

Amorosa – Petit Soleil

Amorosa – Petit Soleil

N’ayant pas eu de nouvelles de l’ami Xavier Chezleprêtre depuis un certain temps, je me renseigne sur les sorties des labels qu’il représente. Il me partage alors les nouvelles d’Amorosa, un groupe composé d’une Française au chant et de Belges et de Brésiliens en accompagnement musical. À l’écoute des 2 singles de l’album Petit Soleil, ma première réaction fut : « c’est léger et pétillant ». Me voilà conquis pour assister à la release party du 21 mars 2024 au Zèbre de Belleville.
Ayant récemment savouré la prestation de Tim Bernardes au Trianon, c’est avec plaisir que je me replonge dans un univers influencé entre autres par les rythmes brésiliens. « Entre autres » en effet, car il s’agit d’un syncrétisme audacieux mêlant la chanson française, la musique populaire brésilienne et le jazz.
Amorosa – Petit Soleil band1
Dans cet amalgame de sonorités aussi éloignées sur le plan géographique que sur le plan musical, on retrouve tantôt la calor de la samba, tantôt la saudade du fado, mais toujours avec cette légèreté dans la voix de Stéphanie Scultore et dans les arrangements de son compagnon, Matteo Carola. À l’écoute de cet album au doux parfum suranné d’un temps où musique rimait avec raffinement, on note une belle complémentarité entre la Française éprise de mots et le Brésilien fou de notes. Pour narrer les errements amoureux et le cycle de la vie de manière légère et dans une élégance la disputant aux grands noms de la chanson française, l’écriture fait la part belle au style romancé et à la nature (les papillons, les nuages, les oiseaux, la mer, les fleurs, le vent…). Sur un morceau comme « Ce Matin », on retrouvera également cette habileté à jouer avec les mots par l’incursion de références à des signes de ponctuation dans les paroles. Plus loin, sur « Il Etait Une Fois », on pourra se demander si cet enfant à cheval sur une oie blanche n’est pas une référence au petit Nils du fameux roman de Selma Lagerlöf… Partageant la douceur des voix françaises de la deuxième moitié des années 60 type Clothilde ou Brigitte Fontaine (l’humour noir en moins évidemment) et la malléabilité des voix du jazz vocal, le chant de la belle parvient à nous charmer. On appréciera également son duo sur « Liliane Et Radou », faisant cohabiter les graves et les aigus dans une chanson qui retranscrit bien l’insouciance des jeunes mariés. Autour de la chanteuse française, on retrouve au sein d’Amorosa des musiciens chevronnés, partageant leur amour du jazz et des ryhtmes brésiliens. Le saxophone complète avec des tons colorés et rythmés les influences brésiliennes apportées par la cavaquinho (petite guitare à quatre cordes), les percussions et l’agogo (un ensemble de cloches). Sur l’unique morceau instrumental de l’album, « Où Es-Tu ? » intervenant tel un interlude, ce même saxophone se fend même de notes d’humour, prouvant à quel point il peut être versatile. Et en parlant de versatilité, vous vous rappelez que j’évoquais plus haut le soleil de la samba et la mélancolie du fado. La cavaquinho contribue justement largement à ces contrastes. On la retrouve en effet en partie pensive dans « Steven Et L’Hirondelle », là où elle est plus festive dans « Déposer Des Fleurs ». Et pour revenir au saxophone, il peut également appuyer le retour sur soi comme en témoignent ces notes poignantes sur « Meu Menino», une chanson où Stéphanie jongle avec adresse entre le portugais et le français. Les percussions, quant à elles, sont bien évidemment mises à l’honneur dans les morceaux les plus solaires. Très variées, elles appuient l’influence de la tradition brésilienne sur des dynamiques tantôt chaloupées comme dans « Casino », tantôt bigarrées comme dans le morceau-titre. Et la contrebasse dans tout ça ? Certes importante pour le rythme, son rôle peut être plus large. En effet, même si sur l’instrumental, sa présence renforce le mouvement de balance suggéré par les percussions, sur un morceau comme « Casino », jouée avec gravité à l’archet, c’est à l’aparté sombre du morceau qu’elle contribue.

Amorosa – Petit Soleil band2

Sans faire ressortir un style plus qu’un autre, Amorosa réussissent leur syncrétisme dans des chansons aux ambiances variées, mais unies par le thème du cycle de la vie et par une vision partagée de l’art. Ce deuxième album confirme tout le talent de cette formation, qui gagne à être connue par son habileté à jongler entre différents styles et par une musicalité qui transcende les styles.

Crédit photos : Gabrielle Roselli

https://www.facebook.com/amorosa.musica

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