Alphataurus – Attosecondo
Alphataurus
AMS
Créé en 1970 par cinq adolescents (Michele Bavaro au chant, Guido Wasserman à la guitare, Alfonso Oliva à la basse, Pietro Pelligrini aux claviers et Giorgio Santandrea à la batterie), Alphataurus a commencé par jouer des reprises de Yes, Gentle Giant ou Led Zeppelin, et par tourner de manière conséquente aux quatre coins de la botte transalpine. Fort, en 1972, de son propre répertoire, le groupe participe alors à de grands festivals (dont le fameux Palermo Pop ’72) et se fait remarquer par Vittorio De Scalzi de New Trolls qui lui propose de sortir son premier album sur son label maison, Magma. Entièrement enregistré aux studios Saar Records, à Pero près de Milan, « Alphataurus » (c’est le nom du vinyle en question) délivre un progressif en constante ébullition, alternant avec maestria breaks furieux et magnifiques parties symphoniques, un peu à la manière d’un Museo Rosenbach. Peu de temps après la sortie de ce disque culte, le combo accompagne Emerson, Lake & Palmer sur leur tournée italienne et connaît un joli succès d’estime avant de se séparer, pour divergences artistiques, en septembre 1973.
Après quasiment trente années de silence, Alphataurus effectue, fin 2011, un retour tonitruant en publiant les ébauches finalisées de son second opus en suspens depuis 1973 ! L’ensemble reçoit un bon accueil du public et incite la formation à sortir un véritable nouvel album à la toute fin de l’année 2012. Désormais composé de Pietro Pelligrini (orgue Hammond et claviers), Claudio Falcone (chant), Guido Wasserman (guitare), Fabio Rigamonti (basse et chant) et Alessandro « Pacho » Rossi (batterie), le groupe nous livre, avec « Attosecondo », un opus ma foi fort joliment troussé. Composé de cinq titres d’excellente facture dont la durée varie entre 8’33 et 13’44, ce nouveau CD se caractérise par sa pureté mélodique. La formation possède en effet un sens magique de la mélodie subtile et aérienne et développe, avec une étonnante constance, une espèce de jubilation qui charme l’oreille du début à la fin. Il n’y a quasiment pas de place pour la dissonance dans un ensemble dominé par les claviers symphoniques, sauf peut-être sur le titre d’ouverture « Progressiva-Mente », avec ses breaks incessants et ses guitares acérées comme la lame d’un scalpel.
Mais cette pureté des lignes mélodiques, survolées par un chant « habité », ne repose pas sur une espèce de facilité instrumentale. Elle masque au contraire une extrême richesse des arrangements et des harmonies, notamment au niveau vocal. Tout est en fait pensé et exécuté pour mettre en valeur des mélodies complexes mais jamais prise de tête. Au final, « Attosecondo » conjugue, avec un bonheur rare, pureté mélodique et richesse harmonique : un îlot d’excellence au milieu des CDs de rock régressif qui envahissent le marché. Superbe !
Bertrand Pourcheron (8,5/10)