Alizbar – Metamorphoses Of Ann’
Alizbar
Prikosnovénie
Derrière le pseudo Alizbar se cache un jeune prodige de la harpe celtique qui nous vient tout droit de Russie. Révélé par le label Prikosnovénie décidément riche en découvertes et en bonnes surprises, le musicien publie avec « Metamorphoses Of Ann’ » son tout premier album, édité en un somptueux digipack à l’imagerie féérique. A l’instar des nouvelles parutions de Mandalia, la division du label consacrée aux musiques relaxantes, ce dernier se présente à la verticale, au format d’un joli petit grimoire aux parfums de l’enfance. Mais ici, les poèmes, les contes où les nouvelles se passent des mots et des vers et ne sont faits que de musique, raffinée, délicieuse, toujours évocatrice. « Metamorphoses Of Ann’ » se décline en une collection de quatorze petites ritournelles instrumentales finement ciselées, et interprétées à la seule harpe celtique, maitrisée à la perfection par notre magicien venu de l’Est.
Fasciné par la mythologie nordique et scandinave, ses galeries de personnages et leurs épopées légendaires, Alizbar puise son inspiration dans les mondes imaginaires, et à travers son oeuvre musicale, il nous invite à un voyage intérieur au pays merveilleux des lutins, des dragons et des fées. Au fil des écoutes de « Metamorphoses of Ann’ », chacun sera libre de tisser sa propre histoire, de la forêt de Brocéliande aux pays des elfes, en passant par la Comté des Terres du Milieux. Alizbar ne néglige pas en effet les clins d’œil à l’univers de J.R.R Tolkien, en témoignent le bucolique « Merry Go Round Of Doubt », l’enjoué « Dwarves’Songs In Hobbit’s Hole » ou encore « Ainur’s Dialog » et sa douce mélancolie. Pour l’anecdote, dans l’imaginaire du créateur du Seigneur des Anneaux et du Silmarillion, ce sont les puissants Ainurs qui ont inspiré le dieu Ilùvatar à créer le monde au moyen de… leur musique !
Chacune des compositions réunies dans ce premier opus est une jolie pièce d’orfèvrerie, d’une rare subtilité et d’une grande expressivité. Le dépaysement est garanti, sans qu’il soit nécessaire au compositeur de déballer tout un enchevêtrement de sonorités cinématiques, à grand renfort de bruitages et d’instruments caractéristiques. le son naturel de la harpe se suffit à lui-même pour emmener l’auditeur vers des paysages oniriques riches en images et en sensations. Dans le jeu délicat d’Alizbar, on retrouve une sensibilité toute féminine, une musicalité hors pair et une émotion souvent à fleur de peau. On ne manquera pas de faire le rapprochement avec le style et les univers enchantés de sa compatriote Caprice, dont les différents CD sont édités sur ce même label. A travers « Metamorphoses Of Ann’ », Alizbar créé un délicieux recueil de musiques, à la fois simples et sophistiquées, qui touchent directement le cœur et invitent à la rêverie. Un nouveau must de la « pop féérique » à classer religieusement sur l’étagère, parmi vos opus chéris d’Alan Stivell, de Cécile Corbel ou de Loreena Mc Kennitt.
Philippe Vallin (8/10)