31 – California Daylight
Autoproduction
2017
Aujourd’hui, je me mets sur mon 31 pour vous rédiger cette petite chronique. Non pas que j’ai revêtu mes beaux habits du dimanche comme au temps jadis, mais 31 est le nom de scène choisi par Tonio et Jeanot. Il s’agit d’une histoire de famille puisque qu’ils sont cousins et l’assument parfaitement contrairement à… Bon, je vous renvoie aux commentaires suite à mon live-report du Crescendo 2016.
Les deux cousins ne sont pas des inconnus. Est-ce que Dadabovic signifie quelque chose pour vous ? Il s’agit d’un combo déjanté, le nom Dadabovic étant censé être celui d’un psy bien taré, en fait une sorte de mix hardcore entre Marcel Et Son Orchestre et Ultravomit, qui écume les scènes du Nord de la France et de Belgique. Une espèce de bâtard illégitime après une copulation alcoolisée.
Avec 31, les deux Ch’tis semblent s’être assagis en proposant quelque chose de plus profond, plus technique et maîtrisé aussi donnant dans un rock progressif assombri d’ambient et, parfois aussi, coloré de pop-rock. Pourtant, la facétie reste présente avec les raisons du choix du nom du combo. Depuis le début de leur collaboration, leur idée était de sortir un titre chaque mois à trente-et-un jours. Deux ans après, onze titres ont été élaborés dont six ont été retenus pour figurer sur cet EP. La promesse n’est donc pas complètement tenue, mais ils nous promettent de fêter chaque 31 du mois par une publication exceptionnelle sur leur site (vidéo, photo, etc.). De toute façon, quantité est rarement gage de qualité et ici, mon propos traitera bien de qualité. De facétie, encore, il est question avec le teaser de leur EP.
Par contre l’artwork de la jaquette me semble beaucoup décalé par rapport au contenu du CD. Il aurait mieux convenu à un album de Dadabovic.
Nos duettistes ont voulu tout maîtriser à savoir bien sûr les compos et le chant mais aussi tous les instruments, les enregistrements, les visuels avec une exception judicieuse : le mix et le mastering. Ils ont confié ces derniers à Grégoire Saint-Maxin (Black Bomb A, Loudblast) qui a officié dans ma ville natale : Dunkerque. C’est sans aucun doute une des clés de la réussite de cette galette. En effet, il faut noter l’excellent travail de ce dernier notamment pour mettre en valeur les prises de batterie réalisées en « rooms » naturelles, c’est-à-dire dans de bonnes conditions de reverbs et qui sonnent toutes différemment,
Le songwriting est proprement bluffant. Chaque titre possède une personnalité très forte avec un chant qui évoque souvent Bowie (la 2e partie de « Skat Player » et de « From The Window »), les parties de guitare acoustique renforçant cette impression. On croit reconnaître parfois les accents désabusés de Lou Reed avec son chant caractéristique toujours à la limite de sonner faux (1ère partie de « From The Window »). Les alternances entre délicatesse aérienne et colère rappée (« Skat Player », « Nothing Better Than Light »), rythme pop-rock (« California Daylight ») ou puissance pachydermique (« Visions & Smells ») font que l’on ne décroche jamais de cet EP.
Les sujets abordés dans les paroles sont également très éclectiques passant du plus sérieux au plus léger. Ainsi, le clip de « Skat Player » constitué exclusivement d’extraits de films d’archives consacrés aux préparatifs de la première guerre mondiale traite des « trembleurs de guerre ». « Visions & Smells » évoque les réminiscences du passé que l’on imagine bien pesantes. En revanche, « California Daylight » évoque les trips californiens en voiture. Ils collent parfaitement aux slides de guitare qui en tissent la rythmique. « Girls In Dark Places Are Liars » relate les rencontres d’un soir sans lendemain. Le paroxysme de l’émotion semble atteint avec le final de « Nothing Better Than Light » faisant le parallèle entre la lumière et notre état d’esprit mais surtout sur la ballade « From The Windows » magnifiée par une rythmique de sèche devenant un chouïa plus saturée (exception faite de l’OVNI « Visions & Smells ») que sur le reste de l’EP. Le thème de la jalousie y est particulièrement bien retranscrit sur ce morceau que l’on aurait aimé cependant voir durer un peu plus longtemps. Un mot encore pour parler des nappes de clavier discrètes mais variées qui contribuent largement à créer les ambiances prenantes de chaque titre de California Daylight.
Il paraît que quand on quitte le Nord, on y laisse toujours un peu de son cœur. C’est un peu le cas pour moi mais 31, avec ce California Daylight classieux, me l’a renvoyé. Il était donc tout naturel de lui décerner un coup de cœur, non pas pour son appartenance à cette région qui m’est chère (décidément, Cupidon fait des ravages), mais uniquement du fait de la qualité du travail qu’il a produit.
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