Vertige – Populaire
At(h)ome
2020
Christophe Gigon
Vertige – Populaire
Vertige est un duo français nouvellement créé constitué du chanteur/guitariste de Deportivo (Jérôme Coudanne) et du bassiste de Louise Attaque (Robin Feix). La froideur mélodique des lignes de basse « façon Joy Divison » se mêle aux chants et aux rythmes latins « à la Manu Chao ». Voilà bien un mariage inattendu, un rapprochement intéressant entre le feu et l’eau. Le duo s’est fixé un triple credo : la simplicité, la fraîcheur et la spontanéité. Et force est de constater que le concept fonctionne : le premier album de Vertige plaira tant aux amateurs de chanson française entraînante qu’aux désespérés de la cold wave de la fin des années 70.
Après l’E.P. Bipolaire, paru uniquement au format digital le 3 juillet dernier, Populaire paraît le 11 septembre et contient, en plus des cinq morceaux présents sur le hors-d’œuvre, neuf nouvelles compositions, plutôt courtes, entêtantes et déjà porteuses d’une identité forte. Pas mal pour un premier disque ! Naturellement que l’auditeur affûté pensera à Louise Attaque, à Deportivo ou même à Mickey 3D. Mais le point focal de ces enregistrements reste la basse, pesante mais aérienne de Robin. Ainsi, la paire réussit la synthèse improbable entre deux styles musicaux pourtant bien distincts. D’ailleurs, les lignes vocales ont été imaginées après les pistes de basse, créées ex nihilo. Ce qui donne un côté très Paul McCartney ou Peter Hook (Joy Divison) à l’ensemble.
L’ossature des morceaux, constituée de rythmes simples, de basses qui tiennent le lead et de claviers datés, porte un style assez unique, sans guitares ni fioritures. La posture vocale de Jérôme ramène le tout vers des contrées plus françaises qui ne surprendront pas les fans de Gaëtan Roussel ou de Blankass. Si le nom du groupe peut faire penser à l’immense Bashung, avouons qu’il n’y a guère de connections entre la rigueur poétique du regretté Alsacien et les textes plutôt faciles de Vertige.
C’est peut-être là que le bât blesse : les textes (peu exigeants) et la pose de voix (assez typée) renvoient à des manières de faire trop entendues dans le rock alternatif français de la fin des années 90, pour autant qu’il ait existé. Qui a survécu à « Respire » de Mickey 3D, « J’t’emmène au vent » de Louise Attaque ou à « J’ai demandé à la lune » d’Indochine ne souhaite peut-être pas renouer avec cet esprit « ado qui boit des coups à la fête du lycée ». La musique, plutôt originale et « stylée » (comme diraient ces mêmes adolescents) aurait peut-être mérité des textes plus soutenus, peut-être même plus hermétiques. Mais comme le but des deux amis était de créer une forme de fraîcheur décomplexée, peut-être était-ce un choix délibéré. Mais faire simple, frais, accessible et exigeant semble possible : c’est ce qu’ont toujours proposé les trop méconnus Dick Annegarn, Bertrand Belin ou l’excellent chanteur helvète, Pyt.