The Steve Rothery Band – Live In Povdiv

Live In Povdiv
The Steve Rothery Band
2014
Steve Rothery Music

The Steve Rothery Band – Live In Povdiv

Cet album live retrace l’intégralité d’un concert 100%  instrumental donné par le légendaire guitariste de Marillion le 19 octobre 2013, à l’occasion de la soirée de clôture du festival de guitare de Plovdiv, en Bulgarie. C’est dans le cadre magnifique d’un théâtre en plein air (celui-là même où Anathema a filmé et enregistré son brillantissime « Universal », orchestre philharmonique à l’appui) que Steve Rothery aura offert au public l’une de ses rarissimes prestations en tant que frontman. Tout d’abord téléchargeable en ligne via Bandcamp pour un prix symbolique, cette honorable prestation du Steve Rothery Band est désormais disponible au format physique, éditée dans un sobre et beau double paper sleeve regroupant CD audio et DVD avec captation vidéo du set. Malheureusement, le son ne brille pas par sa grande qualité et le mixage manque, au final, de finesse et de dynamique. Nous sommes ainsi bien en deçà du niveau d’exigence des live de Marillion proposés à profusion par leur label Racket Records. Il s’agit là d’un bel objet, certes, mais qui ne devrait contenter que les plus collectionneurs d’entre vous. Rappelons aussi qu’à l’origine, la distribution en ligne de ce live avait comme principal objectif de lancer une souscription pour le financement du très attendu premier album solo du guitariste, « The Ghosts Of Pripyat », qui devrait voir le jour à la rentrée prochaine. En bref, il s’agit là plutôt d’un prélude que d’un aboutissement et cela s’entend assez clairement dès qu’on se plonge un minimum dans l’ouvrage en question.

La courte set-list contient deux titres de l’opus studio à venir (« Morpheus » et « The Old Man Of The Sea », qui verront les contributions d’un certain Steve Hackett !), mais dans des versions encore non définitives. D’autres titres ont été spécialement conçus et interprétés pour les besoins de la soirée (certainement dans l’urgence donc), et cela se ressent à l’écoute avec un résultat toujours sympathique mais qui sonne parfois un peu trop comme une « jam session », avec impros de guitares omniprésentes. Sur scène, Steve Rothery est accompagné de Dave Foster en guise d’alter-ego, de Leon Parr à la batterie et d’Yatim Halimi à la basse, trois musiciens qui tirent plutôt bien leur épingle du jeu ensemble, et qui collent parfaitement à l’esprit et aux prétentions musicales de notre roi de la six cordes atmosphérique. Pas de claviériste dans le line-up de la soirée : les quelques nappes atmosphériques et autres samples sont ici générés à l’aide d’un simple ordinateur, pour les besoins de chaque morceau.

Le concert s’ouvre avec le très planant et progressif « Morpheus », dont la conclusion jouissive évoque curieusement les enchainements d’accords et la rythmique du fameux « Raingod’s Dancing » de Fish (histoire de rester en famille !). S’en suit « Kendris », une composition au thème orientalisant assez proche des travaux en solo d’Aziz Ibrahim, guitariste virtuose et sans frontière qui a, entre autres, collaboré avec Steve Hogarth à l’occasion des mémorables concerts du H Band (décidemment !). « Old Man Of The Sea » est l’autre morceau de bravoure de la soirée, un titre résolument symphonique dans sa conception, qui débute par une ballade mélancolique en arpèges – signature du sir Rothery –  pour finir en apothéose marillionesque, puissante et lyrique à souhait. Frissons garantis pour tout amateur de romantisme en mode rock !

On enchaine avec l’envoutant « White Pass » qui, après sa longue introduction en apesanteur, lorgne vers le psychédélisme du meilleur Pink Floyd avec une seconde partie pompant presque les riffs de l’emblématique « Echoes ». Au rayon des nouveautés, on conclut le voyage avec « Yesterday’s Hero », une gentille balade un peu brouillonne et finalement assez anecdotique, suivie de l’infiniment plus passionnant « Summer’s End » (avec ses 15 minutes au compteur). Il s’agit là d’une composition fleuve aux sonorités bluesy qui distille avec bonheur de nombreuses variations de rythmes, de thèmes et de climats. L’édifice souffre néanmoins d’un petit manque de concision (défaut mineur qu’on retrouve finalement dans toute les compos inédites figurant au programme), mais sa conclusion est suffisamment enjouée et extatique pour laisser l’audience impatiente avant l’inévitable rappel.

Et c’est là que le guitariste se vautre bien comme il faut, en proposant deux de ses soli emblématiques au sein de Marillion, à savoir « Sugar Mice » et « Easter » qui perdent toute leur force et leur substance émotionnelle une fois sortis du contexte de ces pièces mythiques (idem pour « This Strange Engine », proposé au menu un peu plus tôt). Il fallait bien remplir le set au maximum pour assurer le cahier des charges de la soirée, c’est certes compréhensible. Toutefois, c’est fort dommageable pour la musique et la consistance du show.

Concernant maintenant le DVD, la réalisation du film est on ne peut plus sobre, avec deux caméras qui alternent plans fixes et plans d’ensemble, sans trop abuser (heureusement) des zooms et des travellings. Ce support est finalement plus intéressant que la partie audio car il nous offre une occasion assez unique de découvrir le discret guitariste en tête d’affiche (même si celui-ci reste tranquillement dans un coin de la scène, comme à son habitude). Et il est tellement rare d’entendre Steve Rothery nous parler de sa musique entre chaque morceau ! Rien que pour ça, l’acquisition de l’objet n’est pas une vaine affaire.

Enfin, ce concert nous permet d’entrevoir un peu ce qui nous attend sur « The Ghosts Of Pripyat », un ouvrage conceptuel qui sera forcément mille fois plus fignolé, mature et abouti que ce live honnête (mais pas indispensable) servi en guise d’apéritif. Verdict en septembre donc, et on sera là pour disséquer la chose, soyez-en certains !

Philippe Vallin (6,5/10)

http://steverothery.com/

 

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