The Pineapple Thief – Your Wilderness

Your Wilderness
The Pineapple Thief
2016
Kscope

The Pineapple Thief - Yur Wilderness

A l ‘époque de la sortie de son très réussi opus solo éponyme, Bruce Soord avait annoncé que le prochain The Pineapple Thief reviendrait aux sources progressives de son inspiration. Chose promise, chose due, voici que débarque Your Wilderness, deux ans après Magnolia. Il faut dire que depuis All The Wars, on se faisait du souci pour ce combo britannique, qui avait tant enchanté les fans de progressif comme les fans de rock plus classique avec ses saillies post-prog, tantôt proches de Radiohead, tantôt similaires à Porcupine Tree. Mais Bruce Soord avait eu une autre ambition en signant chez Kscope : se démarquer des habituelles productions du label en ouvrant sa musique sur la pop avec tendance métal et électro, en gommant une partie de son identité. En ont résulté quatre albums loin d’être convaincants et un peu incohérents, naviguant en eaux troubles, le groupe ne trouvant plus son identité à force de vouloir aller voir ailleurs. Efficaces, certes, mais finalement, ils n’ont pas eu l’effet escompté. Du coup, exit les envolées métalliques et les recherches électro, exit aussi le côté Thom Yorke de la voix de Bruce Soord (très bonne nouvelle). Les 8 compositions de Your Wilderness mélangent à la fois le côté accessible de la musique du groupe tout en gardant un aspect complexe dans leur composition. On ne retourne pas à l’époque de Variations On A Dream quand même, mais il y a vraiment ici un come-back à quelque chose de plus inspiré. Et non, même si la pochette ressemble à du No-Man (normal, c’est du Carl Glover !), la musique est du pur The Pineapple Thief.

Et l’inspiration la plus grande de Bruce Soord fut d’incorporer le grand Gavin Harrison à la batterie. Il fait preuve d’une indéniable dextérité en apportant sa patte aux morceaux, et on pense bien évidemment à Porcupine Tree, référence inévitable chez The Pineapple Thief. Mais le batteur ajoute également une finesse de style impressionnante, qui sert véritablement le propos. Et la guitare de Bruce Soord est tout bonnement divine, tant sur les atmosphères que sur les solos. Your Wilderness est vaguement conceptuel, mais ce n’est pas franchement vital pour apprécier l’album. Toujours mélancolique, avec une tristesse sous-jacente, les chansons se développent souvent sur des mid-tempo avant de passer la vitesse supérieure. C’est le cas pour « In Exile », mystérieux et prenant avec son leitmotiv « Don’t be afraid to miss me ». Un Pineapple Thief typique, développant son thème avec ingéniosité, reprenant là où un Porcupine Tree s’est arrêté, avec un final épatant.

The Pineapple Thief Band 2016

L’émotionnel « No Man’s Land » est atmosphérique à souhait, avant une seconde partie plus dynamique. Réussi et spendide. « Tear You Up » est un exemple de morceau à tendance pop progressive intelligente, tandis que « That Shore » repose sur un climat éthéré, avec une voix des plus envoûtante. « Take Your Shot » est sans doute le titre le moins intéressant du lot, dans la mouvance pop, sans réel relief, à part le développement final assez rock. Il aurait pu figurer sur Magnolia… « Fend For Yourself », tranquillement beau, nous apporte une surprise : la clarinette du Supertramp John Helliwell. Bien trouvé ! Le titre résonne comme une parenthèse mélancolique du plus bel effet. On retrouve l’esprit des anciens The Pineapple Thief à travers les quasi 10 minutes très maîtrisées de « The Final Thing On My Mind », avec un superbe jeu de batterie de Gavin Harrison. Enfin, « Where We Stood » conclut l’album sur un morceau à base de guitares atmosphériques, mélancolique et beau.

Beaucoup plus cohérent que les deux précédentes offrandes du groupe, Your Wilderness a tout pour réconcilier les anciens fans avec le combo. Le son est redevenu clair, la voix de Bruce Soord a une identité propre, et les compositions sont dans la droite lignée de ce que The Pineapple Thief peut offrir de mieux en mélangeant ses anciennes influences avec un post-prog moderne. En reprenant le créneau mélancolique, Bruce Soord revient à ses anciennes amours, et réussit un album à la fois simple et complexe. Un retour en force, pas totalement réussi toutefois, mais qui a le mérite de remettre The Pineapple Thief sur le devant de la scène avec un opus digne de son héritage. A noter qu’il existe une version collector avec un second CD en bonus intitulé « 8 Years Later », apparemment un long morceau de 40 minutes ambient et prog. Avis aux amateurs.

Fred Natuzzi

http://pineapplethief.com/

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