Riverside – ID. Entity
Inside Out Music
2023
Palabras De Oro
Riverside – ID. Entity
Suite à un Wasteland accouché dans les larmes et la douleur, il aura donc fallu cinq ans à Riverside pour revenir nous chatouiller les tympans avec un nouvel opus studio. ID. Entity est le premier album dans lequel le guitariste Maciej Meller, successeur du regretté Piotr Grudziński, a été pleinement impliqué, lui qui en avait déjà attendu quatre avant d’être officiellement intégré au line-up du groupe.
ID. Entity marque ainsi le renouveau du quatuor polonais après un deuil interminable tellement il fut douloureux. Si la mélancolie endémique du groupe transpire encore beaucoup dans des lyrics imprégnés du mal-être ambiant sur fond de réchauffement climatique et de conflit inhumain aux portes de la Pologne, elle s’est considérablement atténuée musicalement. C’est un peu un retour aux sources vers les premières galettes du combo sans les stigmates d’une certaine tristesse, mais avec un background musical à la fois plus rock et plus moderne. S’il a mis du temps à entrer officiellement dans Riverside, Maciej Meller démontre qu’il est le successeur idéal à Piotr, possédant un style très similaire tout en apportant certaines caractéristiques inhérentes à son propre jeu de guitare.
ID. Entity, le titre de l’album, est très interprétable, cependant il décrit le style du groupe un peu entre deux chaises, à savoir trop heavy pour être qualifié d’art rock et aussi trop léger pour être du metal prog. Riverside considère qu’il a un style et donc une ID.Entity propre. Il faut aussi remarquer que le groupe, emmené par son bassiste chanteur Mariusz Duda, est 100 % polonais avec Piotr Kozieradzki (batterie), Michał Łapaj (claviers) et Maciej Meller (guitare électrique), ainsi que l’album. Il a été entièrement enregistré, mixé et produit en Pologne avec le sieur Mariusz aux manettes, et ce, dans les conditions du live. En effet, Riverside, ayant arpenté les scènes du monde entier pendant toutes ces années sans sortir d’album studio ni de live, a voulu restituer sur ID. Entity sa puissance, son entrain et son côté catchy assumés sur les planches. Il en résulte des compositions dynamiques comme le démontre d’entrée un « Friend Or Foe ? » mené tambour battant sur un tempo simple mais infaillible, dominé par le chant assuré de Mariusz Duda et saupoudré de quelques riffs orientaux. « Landmine Blast » enchaîne avec une rythmique syncopée et complexe typique du Riverside des débuts. « Big Tech Brother » ajoute une dose de complexité et de rythme avec une intro affriolante presque jazzy pour basculer vers un solide titre heavy au refrain qui prend les tripes, Michał Łapaj revenant à l’orgue Hammond, son péché mignon (et le mien aussi par là-même) et Maciej Meller assénant des riffs d’airain. Réellement très impressionnant, mais ayant pour seule ombre au tableau, une détestable fin en fading. Qu’importe, « Post-Truth » remet le couvert en matière d’heavy couronné par un fabuleux solo de synthé. Il met également en lumière la capacité du groupe à proposer des refrains lumineux qui se gravent immédiatement dans notre mémoire. La commode « The Place Where I Belong » (rapport à ses nombreux tiroirs) propose une première partie acoustique fort sympathique et floydienne à laquelle succède une puissante partie au riff digne de Deep Purple quand Michał Łapaj endosse le costume de feu John Lord. À sept minutes (le titre dure plus de treize minutes) survient un faux épilogue, en fait une renaissance pleine de langueur indolente baignée de superbes soli de guitare qui nous tiennent en haleine jusqu’au bout. Les velléités orientales de Riverside réapparaissent sur « I’m Done With You » en plus « burnées » et donnent un bel aperçu du côté catchy du combo que l’on retrouve par instant sur « Self-Aware ». C’est l’ultime plage de l’opus aux accents presque pop incluant quelques « millenium whoops » (les oh, oh, oh à la Leprous) avant qu’une lente accalmie ne se mette progressivement en place pour nous amener en douceur vers la fin de la galette.
ID. Entity semble être le nécessaire sursaut créatif du quatuor polonais lui permettent de se secouer et de laisser au vestiaire ses états d’âmes… Sans doute un nouveau départ pour un des groupes les plus créatifs de ces vingt dernières années. La troisième décennie d’existence de Riverside s’annonce sous les meilleurs auspices avec cet ID. Entity qui augure d’un futur plus radieux pourvu que le quatuor polonais, d’une sensibilité extrême, soit désormais épargné par les coups du sort.
http://www.riversideband.pl
http://www.facebook.com/Riversidepl