Quiet Friends : A 30th Anniversary Tribute to Steve Roach’s Structures From Silence

Quiet Friends : A 30th Anniversary Tribute to Steve Roach's Structures From Silence
Collectif
2014
Free Floating Music

Quiet Friends

« Structures From Silence » de Steve Roach est très certainement l’une des œuvres de musique ambient les plus connues et appréciées des amateurs. Sortie en 1984 alors que le genre n’en était encore qu’à ses balbutiements (Bian Eno en a parachevé le concept quelques années plus tôt), ce monument de musique électronique minimaliste à la poésie sans pareil marquera à jamais les esprits de nombreux fans, qui en feront à raison une référence absolue. Parmi eux, un certain Brad Ross-MacLeod, lui-même musicien (il agit sous le pseudonyme de C.Paradisi) et fondateur du netlabel « Free Floating Music », dédié à la promotion et à la distribution gratuite en ligne de ces musiques de l’éther et de l’imaginaire. « Structures From Silence » a eu une telle influence sur son parcours artistique et sur sa vie spirituelle qu’il a décidé de lui rendre hommage à l’occasion de son 30ème anniversaire, en publiant un album tribute faisant appel à de nombreux contributeurs sollicités via Internet. Ainsi, chaque volontaire a été convié à proposer une composition originale (d’une durée maximale de 10 minutes) s’inscrivant bien sûr dans la même veine identitaire que son glorieux modèle. Pas moins de 15 artistes ont été sélectionnés pour participer à ce qui allait devenir « Quiet Friends : A 30th Anniversary Tribute to Steve Roach’s Structures From Silence », aujourd’hui enfin disponible, mais uniquement au format digital via téléchargement.

Chacun y va de sa patte, de son style et de sa fibre pour apporter sa pierre à l’édifice, à cette « ode au silence » dédiée à Steve Roach, très certainement le plus grand défricheur et inspirateur en la matière. A l’arrivée, l’hommage est plutôt réussi, toujours dans la tonalité et le respect de l’œuvre originale. Les compositions sont malgré tout assez inégales et il y a un relatif manque d’homogénéité sur le plan qualitatif et esthétique. On passe en effet d’illustrations sonores plutôt banales (« Quiet Man » de Scott Lawlor), frôlant parfois le new-age (« Convergence » de Greg Plummer) à de petites perles de finesse et de sensibilité (« Beyond the Summit » de Robert Douglas, « Circular » de Phase47…). Rien ne vient cependant choquer l’oreille dans cette collection d’escapades ambient bien agencées, à part peut être « Particles in Sunlight » de Chris Russel qui démarre et se conclue de façon sublime, mais se voit abîmé de façon incompréhensible en son milieu par des nappes d’un goût douteux, ou tout du moins inappropriées dans le contexte.

Quant au peloton de tête, il est à mon sens constitué de quatre pièces qui se démarquent du lot, et parmi lesquelles deux sont réalisées par des artistes français (ni voyez là aucun chauvinisme de ma part, et encore moins de favoritisme sous prétexte que je connais personnellement les intéressés !). Avec « Suspended », Boris Lelong nous convie en effet à un pur enchantement sonore et musical, fait de textures aériennes sublimes et de séquences cristallines enchevêtrées. Le duo Space Megalithe nous plonge quant à lui dans un trip plus nocturne et introspectif (« Crystal Landscape »), aussi puissant sur le plan sonore que celui de l’impact émotionnel. On y resterait bien quelques heures de plus !

Space Megalithe Band

Les « quiet friends » Jean-Christophe Gil et Christophe Barbier, alias Space Megalithe

Mention spéciale également à Andrew Lahiff et à son « Illuminating Perceptions » renversant de beauté, peut être le morceau le plus fort et le plus immersif de ce « Quiet Friends ». Enfin, le concepteur même du projet nous propose (et il ne pouvait pas rater son coup !) une jolie pièce d’une grande douceur et sérénité, à mi chemin entre la musique et le silence. En effet, « Tacet » de C.Parisi aurait presque pu trouver sa place dans le master opus de Steve Roach, tant il en est fidèle à la « couleur » et à l’essence !

A l’arrivée, voilà donc un bel ouvrage collectif qui devrait combler de bonheur les amateurs de rêveries éveillées, témoin de l’influence énorme du californien sur toute une génération de synthétistes. Il n’y a plus qu’à espérer que celui-ci soit également touché par l’hommage qui lui est ici rendu, avec une certaine dévotion, un grand respect, de la générosité et du talent à revendre.

Philippe Vallin (8/10)

Album disponible à l’écoute et au téléchargement en cliquant ici

http://www.freefloatingmusic.com/

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