Opeth – Pale Communion

Pale Communion
Opeth
2014
Warner Music

Opeth Pale C

« Pale Communion » est déjà le onzième opus enfanté par Opeth. Après avoir démarré sa carrière chez les labels Candlelight Records et Peaceville spécialisés dans le death metal (soit de « Orchid » en 1995 jusqu’à « Still Life » en 1999), le groupe a opéré un virage prononcé vers le progressif (au sens étymologique du terme) à partir du sublime « Damnation » en 2003, CD produit par le stakhanoviste Steven Wilson. Voilà qui n’est pas allé sans créer de sérieuses dissensions au sein de son fandom. Qu’importe : la bande du leader, chanteur et guitariste de génie Mikael Åkerfeld n’a eu de cesse de poursuivre sa mue vers un rock aux influences seventies de plus en plus affirmées. Trois ans après la publication, chez Roadrunner, du très hard rock et psychédélique « Heritage« , le combo signe donc aujourd’hui, avec « Pale Communion », une petite merveille de metal progressif désespéré. Malgré la présence d’une poignée de titres relativement pêchus sur la première moitié du disque (citons, entre autres, la fausse ballade folk « Elysian Woes » et l’imparable single « Cusp Of Eternity », mené à la vitesse grand V et sublimé par un solo de six-cordes ultra puissant signé par Fredrik Åkeson), la formation ne s’éloigne jamais bien longtemps de ses amours romantiques.

Citons, à cet effet, les superbes pièces « Moon Above, Sun Below » et « Eternal Rains Will Come » (notons, à l’attention des exégètes, que l’introduction à la basse lancinante de cet epic ouvrant les hostilités renvoie au « Blackwater Park » de 2001). Opeth enfonce ensuite le clou du macabre avec « Goblin », hommage au mythique groupe italien célèbre pour ses bandes originales de films d’horreur. A mille lieues de tout plagiat, la seconde partie de cette cuvée 2014 démarre merveilleusement avec « River », morceau qui ne cesse de s’assombrir au fil de développements instrumentaux fort complexes. Dans la foulée, le combo nous propose deux longues compositions à la fois profondes, inspirées et magnifiquement produites. Pas de surproduction ici mais un son chaud et aéré qui se met au service d’une musique au potentiel émotionnel énorme. « Voice Of Treason », sur lequel le talent et la technique immenses de la formation scandinave font parler la poudre à chaque seconde, met merveilleusement en exergue la voix chaude et claire de Mikael Åkerfeld. Portée par une section rythmique en acier trempé (Martin Mendez à la basse et Martin Axenrot à la batterie) et sublimée par les claviers majestueux de Joakim Svalberg, cette chanson royale évoque, grâce à ses guitares tour à tour acoustiques puis furieusement ethniques et embrasées à la « Kashmir », le meilleur Led Zeppelin.

Quant au conclusif « Faith In Others », il monte progressivement en puissance, un peu comme certains titres fleuves du Porcupine Tree de « In Absentia« . Le rythme s’y accélère sur un coulis de cordes savoureuses avant que le groupe alterne, avec maestria, duo piano/voix jazzy, refrain aérien et coda digne (dans l’esprit) du définitif album « Red » de King Crimson. Le tout nous transporte directement au septième ciel ! Le gang affirme et affine donc ici son style à nul autre pareil, en nous offrant un ensemble cohérent, homogène et profondément authentique. Et peu importe que les aficionados de la première heure soient déconcertés, comme l’avoue Åkerfeld dans une longue interview donnée à Rock Hard. Opeth joue en effet avec son cœur la musique qui lui vient droit des tripes (et vice-versa). Chapeau bas !

Bertrand Pourcheron (9/10)

http://www.opeth.com/

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