Old Rock City Orchestra – Back To Earth

Back To Earth
Old Rock City Orchestra
M.P. & Records
2015

Old Rock City Orchestra – Back To Earth

Old Rock City Orchestra - Back To Earth

ORCO, comprenez Old Rock City Orchestra, est un combo italien formé en 2009 à Orvieto, Italie, un peu au nord de Rome. Après un premier album, Once Upon A Time, en 2012, le groupe a sorti, toujours chez M.P. & Records, ce Back To Earth, en 2015. Depuis, le quatuor est devenu trio avec le départ de son bassiste, Giacomo Cocchiara. Les survivants de ce retour à la Terre sont ainsi : Cinzia Catalucci (chant et synthés), Raffaele Spanetta (guitares et chant) et Michele Capriolo (batterie). Si leur musique a des affinités avec le rock progressif – ils ont ainsi joué en première partie de Bernardo Lanzetti (ex-PFM) –, il y a bien d’autres ingrédients qui les rendent difficiles à classer, et c’est là une des raisons qui m’ont incité à chroniquer cet album. Oui, il est désormais difficile de trouver des musiques et des musiciens qui vous surprennent en utilisant un ensemble de codes disponibles, tout en les triturant à leur manière pour en faire quelque chose de personnel… et d’agréable à écouter. Pourtant, l’heure est à l’ouverture et au mélange des genres, au cassage des codes sucés et des resucées fétides… Eh bien, ORCO y parvient tout à fait. Faisant fi de la langue (ils ont choisi l’anglais dans un pays où le prog natif a pourtant ses lettres de noblesse), outrepassant les cases et les enfermements faciles, nos voisins transalpins possèdent une fraîcheur que beaucoup pourraient leur envier.

Déjà, entre le premier titre, « When You Pick An Apple From The Tree », et sa tendance latino-jazzy version friandise avec ses vocalises, et le deuxième, « Feelin’ Alive », rock un brin lourdaud avec son orgue 70s, son riff de basse et sa guitare lead tissant de beaux motifs doublés par le synthé, on aura compris le grand écart dont nos Ultramontains sont capables ! Et puis, avec la voix que possède Cinzia Catalucci, on se trouve vite capté.

Old Rock City Orchestra - Band

On se promène alors tout au long des dix titres de ce Back To Earth sans même s’en apercevoir. « Rain On A Sunny Day » vous envoie un riff enlevé qui vous fait taper du pied et chanter la ligne principale (et unique d’ailleurs) sans coup férir. Ces jeunes gens savent vous trousser une mélodie, c’est évident. D’autant que « Mr Shadow » vous catapulte illico dans les grandes années du rock un peu psyché, avec la guitare de Raffaele Spanetta qui balance un riff aiguisé à la wah-wah (et un solo taillé à la serpe vintage), sans parler de la subtile ligne de basse (ah, dommage que Giacomo Cocchiara soit parti depuis). « Melissa » tangue vers une ballade à la Uriah Heep (on pense au « Come Away Melinda ») avec la voix chaude de Raffaele Spanetta qui sait donc faire (et admirablement) autre chose que simplement jouer (et merveilleusement) de la guitare ! « Lady Viper » est aussi old-school que le clip qui l’accompagne (voir ci-dessous). On dirait un riff des Doors (mon Dieu, je les ai cités !), avec Michele Capriolo, un vrai batteur qui s’éclate, rapidement surpassé par un refrain digne de ce nom qui vous fait pousser l’envie d’aller rencontrer la dame dont parle la chanson. Et que dire de « My Love », avec ses faux airs du refrain de « Fools » (en fait, on dirait un panaché entre Deep Purple Mark I et Mark II). Et c’est encore pire avec « Tonight Tomorrow And Forever », sorte d’enfantement improbable entre Deep Purple et Janis Joplin. On y découvre une chanteuse tout à fait à l’aise avec l’anglais (ce qui nous change de pas mal de divas hexagonales qui s’y essaient), et dotée d’une voix à faire frémir une cohorte de Hell’s Angels (même remarque que précédemment, d’ailleurs) ! Wouah, quel titre, et comme c’est bien envoyé ! Le temps de s’en remettre, ORCO vous fourgue une autre ballade, « Why Life » (tiens, cette fois, c’est chez Whitesnake que la mélodie des guitares va piocher) avec les voix mêlées de Raffaele et Cinzia, un vrai délice. Enfin, icing on the cake, « Back To Earth » mélange les genres tout au long de ses 9:17, faisant du prog sans en faire, distillant de belles ambiances, des variations savamment orchestrées où la voix de Cinzia Catalucci (belle découverte que cette chanteuse) sublime les mélodies.

Bon, c’est vrai que nous sommes un peu là pour ça, nous autres chroniqueurs. Mais franchement, plutôt que de vous précipiter vers les sempiternelles élucubrations de groupes qui n’ont (hélas) plus grand-chose à dire, on ne peut que vous conseiller d’aller dénicher des petits joyaux, certes sans ambition révolutionnaire ou arrogance futile, du genre Old Rock City Orchestra (rien que le nom, entre la prétention imbue et le foutage de gueule évident, pourrait vous mettre sur la voie, un peu comme le Sensational Alex Harvey Band autrefois) ! C’est rock, roots, en même temps précieux, superbement ficelé (et produit) et, finalement, ça vous rentre dans le cerveau en vous donnant envie d’aller passer, molto rapidamente, un week-end à Rome (d’ailleurs, j’y pense fortement, il faut que je consulte mon road book)…

Henri Vaugrand

http://www.oldrockcityorchestra.com/

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