Malossi – Blanke Barter

Blanke Barter
Malossi
Autoproduction
2021
Lucas Biela

MalossiBlanke Barter

Malossi Blanke Barter

Dans un monde où l’on a tendance à s’accrocher à quelques références tant les nouvelles formations ont du mal à s’en démarquer, on trouve parfois des groupes qui arrivent à raviver la flamme. Ainsi en va-t-il de Malossi.

Loin d’être une de ces nombreuses formations stoner / heavy psychédélique reprenant ad vitam aeternam les mêmes plans sabbathiens, notre combo propose une musique où un groove à faire danser les morts croise la route de mélodies à faire chanter les malentendants. Car oui, avec Blanke Barter,  enfin on a un produit qui arrive à nous détacher de la glue qui liait solidement nos oreilles à des fondations toujours plus monolithiques.

Malossi Blanke Barter band1

Mais au fait, avant d’aller plus loin, d’où nous viennent les Malossi ? Leur page bandcamp nous apprend qu’ils vivent quelque part dans la campagne norvégienne. En fouillant leur discographie, on s’aperçoit qu’ils sont actifs depuis une quinzaine d’années. Le temps ne me permettant pas les écoutes de leurs opus précédents, je serais bien incapable de vous parler de l’évolution de la musique du groupe. Autre information que nous apporte bandcamp sur leur dernier opus en date, de nombreux invités les accompagnent, sans que la composition du groupe lui-même ne soit révélée. Par ailleurs, le mixage a été confié à deux Suédois associés à Meshuggah (nos norvégiens habitent près de la frontière avec la Suède) : le producteur Daniel Bergstrand, et le guitariste Fredrik Thordendal.

Quand je suis tombé sur l’album qui nous intéresse, Blanke Barter, c’est tout d’abord la pochette qui m’a interpellé. En effet, dans le stoner / heavy psychédélique, on a souvent cette iconographie héritée de la Belle Époque, avec des clins d’œil à une époque où l’acide régnait en maître dans les concerts. Ici, rien de tout cela. Sur fond jaune, nous voici présentée la photo colorée assez sommairement d’un vieil homme la clope au bec. Forcément, on pense à ce groupe grindcore du nom de Crétin, ou pour les moins férus de metal, aux Cure quand ils nous ont sorti une compilation de singles. Là, je me suis dit, tiens ça doit sûrement nous changer des groupes multipliant les clichés aussi bien sur le plan de la vue que de l’ouïe. Et en effet, je ne m’étais pas trompé.

Malossi Blanke Barter band2

N’y allons pas par quatre chemins, Malossi, même si effectivement ça sort du lot, c’est du gros rock qui tache, mais que les mélodies entêtantes rendent attachant, avec pour effet que nos oreilles ne parviennent pas à s’en détacher. Pour ceux qui connaissent les derniers Clutch, on n’en est pas loin. La production (vous avez vu, c’est pas n’importe qui qui s’y est collé) est bien léchée, avec ce son cozy où la batterie est bien ronde, les guitares sont mises en avant, et la voix est ample.
Nos norvégiens ne réinventent certes pas les codes du style, mais ils redonnent du tonus à un corps fatigué. Cela passe non seulement par des rythmes créatifs : ah, ces roulements de batterie sur le morceau d’ouverture ! Et que dire de ce feu d’artifices rythmé sur « Kløpp Dreieventiln » où la complicité entre le tambourin métronomique et les fûts pétaradants est évidente. Par ailleurs, on notera le choix de la langue maternelle, apportant ainsi une couleur locale à faire tendre l’oreille aux arbres de la forêt entourant nos comparses. À cet effet, le chanteur parvient à faire revivre la tradition du pays des fjords, et avec moins d’hésitation dans l’énonciation, il peut s’époumoner pour nous sortir un chant pétri de nuances, ainsi que des harmonies vocales à faire trembler ABBA. C’est ainsi que le refrain raccoleur de « Tomt Prat » y contrebalance avec brio le chant hanté des couplets. Un autre exemple parlant de combinaison gagnante se retrouve avec « Skuld », où le chant implorant alterne avec un refrain syllabé qui renverrait presque à un culte tribal. L’album est également agrémenté de quelques notes d’humour, comme ce tuba confus sur le morceau discoïde « Tusen Mål Jord » (il n’était pas usurpé mon clin d’oeil précédent à ABBA, n’est-ce pas ?) ou encore cette guitare dansante sur le tétanisant « Vante Sko ». En outre, nos amateurs de mobylette (cf le clip ci-après) n’oublient pas les hymnes à faire osciller les lombaires. Difficile en effet de ne pas solliciter ces dernières à l’écoute de l’énergique « Flatnævan » et de sa guitare obsédante. Il en sera de même avec le plus vaporeux « Drømmer På Boks », entrecoupé de quelques passages jazzy, au sein desquels d’ailleurs brille cet instrument qui contribue également à l’originalité du groupe, l’harmonica.

Loin d’être nouveaux dans le milieu du stoner, Malossi réussissent néanmoins le pari d’en faire oublier toutes les grosses productions de l’année, par leur approche plus originale.
Les amateurs de bon rock bien groovy et dynamique, avec un chant tour à tour puissant, passionné et nuancé, et des refrains accrocheurs, seront comblés.

https://malossi.bandcamp.com/

https://www.facebook.com/Malossi.rock

 

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