Live Report Galaad, Citrons Masqués, Yverdon

Live Report Galaad, Citrons Masqués, Yverdon
Christophe Gigon

Live Report Galaad, Citrons Masqués, Yverdon, 26 juin 2020

Live report Galaad

Vendredi 26 juin 2020. Ce premier concert, après des mois de disette, aura permis à quelques mélomanes intrépides de se rassembler dans la petite salle des Citrons Masqués, à Yverdon, dans le nord vaudois, en Suisse romande. Galaad, via Facebook, a pu rameuter une soixantaine de passionnés afin de venir les écouter jouer dans un grenier !! Il faut dire que le programme s’avérait alléchant : des titres du dernier album, Frat3r (2019), des deux premiers disques, Premier Février (1992) et Vae Victis (1996). Mais l’essentiel de l’appât consistait en l’exécution, en totale primeur, de six titres, encore en chantier, à paraître sur la prochaine galette : Paradis Posthumes, prévue pour mars 2021. Il n’est rien de dire que, depuis la reformation en 2017, le quintette jurassien essaie, avec énergie, de rattraper le temps perdu.

Live report Galaad band 1
L’excitation d’assister à une prestation d’un des plus grands groupes de rock progressif francophone se mêle à un sentiment diffus d’anxiété : est-ce vraiment le moment et le lieu idéaux pour célébrer la musique alors que se profile malheureusement toujours le spectre d’une résurgence épidémique ? La salle et le groupe ont pris leurs responsabilités et la totalité des personnes présentes ont accepté, sans sourciller, de laisser leurs coordonnées au cas où un super-contaminateur inconscient aurait propagé ses miasmes indélicats. Heureusement, le rock progressif a la capacité de faire fuir les esprits chagrins et les ondes négatives. Et la seule fébrilité à craindre restera celle produite par l’incroyable cohésion des cinq musiciens dont la concoction magique, à base d’émotion, de rage et de poésie, fera office de panacée. Galaad, à l’instar du superbe Angelo Pardi (Le Hussard sur le toit de Jean Giono), n’a pas peur de la maladie. Il aime trop la vie. Et vivre signifie lutter, ne pas avoir peur et augmenter notre vitalité. Les (presque) trois heures de concert données par l’escouade jadis prévôtoise ont su porter l’estocade : vaincus le stress, l’angoisse, la déprime et la peur. Place à la démarche spinozienne, à la maximisation des sensations et à la célébration.

Live report Galaad, band 2
Et quelle célébration ! Le concert, présenté en deux sets, sera entrecoupé par un entracte bienvenu (il faisait chaud dans cette petite salle emplie de gens enjoués !). « La Machine », morceau d’ouverture de Frat3r, refait son apparition en début de set. La magie opère toujours. L’instrumental « Moloch », qui le suit sur disque, est remplacé par une nouveauté « Le Rêve D’Unité ». Le « tube » « Le Feu Et L’Eau », toujours aussi efficace, sera suivi d’un second inédit : le redoutable « La Douleur ». « La Loi de Brenn » et « Stone » enfonceront le clou et l’inentendu « Voir », superbe réflexion sur le deuil, fermera la marche. Une première heure est passée, le public est assommé. Le chevalier a encore frappé au plexus. Après la pause, « Apocalypse », encore une découverte, étonnera par sa complexité et son ambiance décomplexée, pas si éloignée des compositions de l’époque de Premier Février. Ce n’est peut-être pas un hasard, du reste, si le monumental « Sablière », issu de la première époque du groupe, fait son apparition aux basques de l’Apocalypse. Même si ce titre d’anthologie a dû être quelque peu réarrangé pour correspondre aux « standards » d’exigence de la musique actuelle de la formation, il faut reconnaître le bonheur que c’est que d’entendre à nouveau cette lave en fusion que forme cette chanson, dédiée à leur ancienne bassiste, partie bien trop tôt. « Moments » fait sa première apparition, suivi du premier single extrait de Frat3r, « Merci (pour) », « Encore ! » et « Ton Ennemi » (encore un inédit !). L’imparable « L’Épistolier » en rappel et l’affaire est pliée.

Live report Galaad, band 3

Pyt était très en voix, la section rythmique aux taquets (le bassiste Gérard Zuber a dû plonger ses mains dans un bac d’eau fraîche à l’issue du concert tant il a « tricoté » avec énergie durant toute la soirée), les claviers ont bien chauffé et Sébastien nous a gratifiés de ses habituels superbes soli, travaillés, étudiés, absolument pas improvisés mais ô combien ajustés. Une seule écoute ne s’avère évidemment pas suffisante pour porter un jugement pertinent sur ces nouveaux morceaux. Le ressenti, très positif, laisse à penser qu’un certain retour aux sources progressives primitives est consenti (Genesis, Ange). La réapparition des arpèges cristallins, marque de fabrique de la grande époque du rock néo-progressif (Clutching At Straws ou Misplaced Childhood de Marillion) donnera la banane aux plus anciens fans. Un excellent concert et une entreprise drôlement apéritive en vue du plat de gourmet qui nous attend au printemps prochain. Miam !

Photographies de Jean-Blaise Bétrisey, Pierre-Yves Theurillat et Michelle Giroud, vidéo de Stéphane Gallay.

http://www.galaad-music.ch

 

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