Godspeed You Black Emperor ! – ‘Allelujah! Don’t Bend! Ascend!

'Allelujah! Don't Bend! Ascend!
Godspeed You Black Emperor !
2012
Constellation

Godspeed You Black Emperor

Je me rends compte qu’il est très difficile de parler de cet album. Et ce n’est pas parce mon rédac-chef, cette lâche créature, me pointe une arme dans le dos, « Toi écrire, Toi avoir la vie sauve » qu’il me dit de son élocution plus que passable. Plus je tente de laisser libre cours à ma plume, et plus je me trouve dans une impasse. GYBE, plus qu’un groupe, est une entité, un reflet du monde actuel en miroir. Écouter sa musique, c’est se questionner sur notre positionnement face à ce monde, sans mots, mais avec des sons. De plus, c’est une forme de rock alternatif qui n’a, finalement, jamais évolué depuis ses débuts. Un schéma ayant atteint dés sa conception/naissance son point d’acmé. La suite n’a été qu’une attente aussi crainte que désespérée, le pamphlet prenant, parfois, plus d’espace que la forme elle-même. Forcément, la fébrilité est de mise quand après dix ans, GYBE sort un nouveau disque. Un contexte mondial adéquat, des événements qui donnent la rage au cœur (révolutions arabes, et celle d’érable au Canada).

Reprendre là où on s’était arrêtés. Mais nous, pouvons nous rattraper le train en route, lancé à toute blinde ? Aussi, le collectif prend des risques sans en prendre finalement. Deux grandes fresques frisant la vingtaine de minutes avec les ingrédients habituels, de la montée sourde aux explosions sonores, avec lente retombée dans le monde réel à l’appui. Tout au plus une impression de violence latente davantage exhibée que par le passé, sans passer par la case redondante et larmoyante des guitares, violons pathos (l’insupportable A Silver Mt. Zion qui porte TOUT le malheur du monde). Tiens, les Canadiens auraient-ils compris qu’il faut plus de « Rock » et moins de « Post » ? Ha ha ha ! Toutefois, les titres n’ont rien de nouveau puisque les amateurs qui les ont vus en concert ou ayant téléchargé sur archive.org le nombre incalculable de performances live, récentes ou pas, reconnaîtront aisément les dits morceaux plus ou moins finalisés et re-titrés, et plus à propos pour le coup. Oui, rien ne bouge, mais quelque-part, on est un peu là pour entendre ce type de compositions, qu’on accepte ou pas le « contrat ». On sait très bien quelle came nous est servie avant de faire nos têtes d’offusqués chroniques.

Néanmoins, la surprise reste ces deux morceaux drone réverbérés, grondants, colériques, concédant cette impression de paysages désolés après chaos, répressions policières et hypocrisie latente. Et bah, mine de rien, c’est un peu ces deux monolithes qui donnent de la saveur, une atmosphère à « ‘Allelujah! Don’t Bend! Ascend! » et non un « Yanqui U.X.O » version 2.0 dont tout le monde se carre. Cela reste une frustration inconsciente et programmée quand même, rien de monumental en soi. Mais, comme à chaque fois, GYBE montre qu’il est le seul dans sa case, que ça fait du bien d’essuyer un peu de créativité, et que rien ne le détournera de sa vocation, si ce n’est une redite calculée et en définitive acceptée.

Jérémy Urbain (7,5/10)

http://brainwashed.com/godspeed/

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