Dr. John – Gris-Gris

Gris-Gris
Dr John
1968
Atco

Dr. John – Gris-Gris

Voodoo, gris-gris, gumbo, crawfish, Marie Laveau, mardi gras, jambalaya, fais deaux-deaux, cajun, créole, Bourbon street, bayou, zombie, Mississippi, jazz, blues, « laisse les bons temps rouler », Dr. John… Tous ces mots, noms ou expressions représentent New Orleans. Sa musique si particulière faite de blues et de jazz, mâtinée de folklore créole, résonne de manière unique sur tout le territoire américain. Ses racines multiples en font l’une des musiques les plus festives et fascinantes que l’on connait. Et en 1968, l’album « Gris-Gris » de Dr. John, alias The Night Tripper, alias Mac Rebennack, impose d’une manière définitive ce qu’était à cette époque la musique envoûtante de ce coin de Louisiane. Pourtant enregistré à Los Angeles, le premier opus du Dr. John apparaît comme la fixation sur disque d’une nuit envoûtement pendant un culte païen. Tribal, psychédélisme, jazz, tout se fusionne en une incantation collective, provoquant une adhésion ou un rejet immédiat. Dr. John et sa voix traînante, ainsi que son collectif de musiciens, nous convoquent dans un grand rassemblement hypnotique. « Gris-gris Gumbo Ya Ya » pourrait être un cousin du meilleur Velvet Underground New Yorkais, jouant sur la durée, développant ses atmosphères à la fois inquiétantes et sentencieuses, auxquelles on se laisse facilement succomber. Le tribal « Danse Kalimba Ba Doom » et sa mandoline incongrue, invitent à assister à un rite inconnu. « Mama Roux » au rythme plus créole, nous dépayse, entre marijuana et piña collada. « Danse Fambeaux » voit apparaître les guitares, ainsi qu’une soul créole inédite. « Crocker Courtbullion » part dans un free jazz très sixties avec son clavecin, sa flûte et ses percussions particulières. « Jump Sturdy » se rapproche de la musique de la Nouvelle Orléans plus classique, telle que Dr. John la popularisera quelques années plus tard, et encore aujourd’hui. C’est le seul morceau où il aura une voix claire et qui pourra ressembler à un single potentiel. Enfin, les 7 minutes de « I Walk On Guilded Splinters » sont fascinantes et trippantes à souhait. Un beau voyage au pays des alligators et des plantations, une plongée dans un monde qui semble dangereux et en même temps tellement accueillant, qu’on se love dans ces musiques qui vous prennent au corps, tant leur rythme tribal vous jette un sort.

Fred Natuzzi (10/10)

http://www.nitetripper.com/

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