Dead Can Dance – The Serpent’s Egg

The Serpent’s Egg
Dead Can Dance
1988
4AD

Dead Can Dance – The Serpent’s Egg

Ce jour-là… Un frêle auditeur se rend chez son disquaire favori. Il compte y faire ses achats, flâner dans les rayons à la recherche de la perle rare, et discuter avec les vendeurs en enchainant tranquillement les clopes. La routine en quelque sorte. Ce jour-là justement, rien ne se passa comme prévu. Il avait déjà les disques qu’il compulsait, il connaissait les rayons par cœur jusqu’aux occasions dans les cartons sur la droite. Ce jour-là… L’un des vendeurs mis un disque, quelque-chose que le frêle auditeur ne connaissait pas. Les habitués se tassèrent tout naturellement vers le comptoir, car il faut toujours bien se faire voir des vendeurs. Les notes apparurent, claires, éthérées, solennelles, et puis, telle une apparition, la voix d’une femme dont le nom m’était inconnu, une certaine Lisa Gerrard, entre en scène. Certains parleraient d’une révélation, le frêle auditeur, lui, sentit une émotion lui traverser le corps jusqu’aux sourcils. Le silence s’était abattu, personne ne disait mot, seul comptait l’instant présent, la musique pour son expression la plus sincère, l’émoi dans sa plus simple matérialisation. Ce jour-là, le frêle auditeur et les personnes alentours se mirent à pleurer, les cigarettes se consumèrent, seules. Les larmes coulèrent sans qu’une vanne ne sorte d’une bouche. Ces sanglots et autres soupirs exténuants furent partagés dans une communion qui dura une demi-heure. La beauté des voix « a capella », l’émotion qui surgit d’un gouffre de noirceur, envahissant l’espace. Ce jour-là, est-ce la douceur, le regain pour une humanité qu’on croyait perdue ou sa tristesse abyssale ? Nul ne le sait, la seule chose qui fut sure, c’est que le frêle auditeur (bien que vous commencez à savoir qui c’est…) se sentit aussi grandi que profondément abattu. Une nouvelle page se tournait dans sa vie, certes courte, mais toujours avide de nouvelles sensations. Il ravalât ses pleurs, sortit sa carte bleue toute fraîche, et régla pour l’acquisition de « The Serpent’s Egg ». Depuis, l’album est revenu maintes fois dans sa platine, le disquaire a fermé définitivement ses portes, le frêle auditeur, quant à lui, a fait sa vie. Une nouvelle histoire à chaque fois que le moral semble en berne, un sentiment d’intemporalité qui rappelle cet instant à part, de communion sentimentale. Ce jour-là, le frêle auditeur venait de faire connaissance avec Dead Can Dance…

Jérémy Urbain (10/10)

http://www.deadcandance.com/

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