Zola Jesus – Arkhon

Arkhon
Zola Jesus
Sacred Bones
2022
Lucas Biela

Zola Jesus – Arkhon

Zola Jesus Arkhon

A seulement 33 ans, Nika Roza Danilova, alias Zola Jesus, a déjà six albums à son actif. L’univers du dernier en date, Arkhon (et malheureusement le seul qu’il m’ait été donné l’occasion d’entendre), est très intimiste, à l’image de figures légendaires de l’underground que sont désormais Chelsea Wolfe, Myrkur ou Lingua Ignota. La différence avec les artistes pré-citées réside néanmoins dans le flirt avec les musiques pop et électroniques, apportant ainsi une touche d’espoir dans un écrin de mélancolie.

Deux éléments ont déclenché mon envie irrésistible de découvrir l’univers de notre belle Américaine. D’une part, un sobriquet associant deux noms indissociables de la littérature et de la théologie. D’autre part, une musique décrite comme associant quatre styles indissociables de… mes goûts musicaux, « électronique », « industriel », « classique » et « gothique ». Et je dois bien l’avouer, je n’ai pas été déçu. Avec le morceau d’ouverture, « Lost », on est certes perdu dans un premier temps avec ce mélange de voix haletantes et éthérées, et ces synthés sombres. Mais viennent ensuite nous guider des percussions tribales, et une basse chaude qu’on jugerait tirée de lignes du regretté Mick Karn. Nous allons garder le fil conducteur de cette musique des contrastes avec « The Fall », où à un festival tout à fait renversant de rythmes et de voix enjouées répond un piano mélancolique. Une des influences majeures de Zola vient se rappeler à notre souvenir dans les vocalises du refrain de « Undertow », j’ai nommé Siouxsie Sioux. Un morceau tout en atmosphères, où le scintillement des synthés apporte une touche de magie au rythme berçcant du tandem voix/batterie. Dans la ligne des morceaux rythmés sur fond de lumière scintillante, mais cette fois-ci, agissant davantage dans l’urgence que dans la prévention, on citera « Sewn », où le travail des voix dans le dernier tiers est tout simplement, « médusant ».

Zola Jesus – Arkhon band1

J’ai beaucoup évoqué le rythme, mais ce très bel album de notre habitante de l’Arizona, est parsemé de petites perles acoustiques. Que ce soit accompagné de cordes (« Dead And Gone ») ou d’un piano (« Desire »), ces moments d’introspection sont l’occasion de souligner aussi bien l’exaltation que la désolation dont peut faire preuve la voix. Nous restons dans des contrastes certes, mais la maîtrise des différents registres est tellement stupéfiante que l’on ne peut que s’incliner.

Par ailleurs, les morceaux peuvent être hybrides, alternant ces rythmes éclairés de mille feux, avec ces moments de solitude qu’affectionne notre admiratrice de Ian Curtis et Diamanda Galas. Un des meilleurs exemples est « Into The Wild » avec sa structure très « progressive » où se suivent plusieurs mouvements, allant d’un bouillonnement rythmé à une marche prudente. Plus loin, « Fault », où la ligne de chant « it’s not your fault » est reprise de manière si émouvante qu’on pourrait verser des larmes de crocodile, participe également de ces moments où la chaleur des rythmes alterne avec la beauté glaçante de la voix de la belle. Et n’oublions pas « Do That Anymore » où le titre à la construction étrange, si l’on s’en tient à l’anglais, est lui-même déjà dans les contrastes.

Zola Jesus – Arkhon band2

Pris dans son ensemble, ce sixième album de Zola Jesus, recèle de passages vocaux à couper le souffle, avec de nombreux chœurs angéliques et un travail sur la voix la rendant tour à tour tournée vers la lumière et l’obscurité. L’arrangement musical est également d’une grande qualité, mettant lui aussi en exergue des contrastes chaud/froid, lumière/obscurité sans jamais bousculer leur transition.

https://zolajesus.bandcamp.com/track/fault

https://www.facebook.com/ZOLAJESUS

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