Zanov – Virtual Future
Zanov
Zanov Music
Zanov, ou Pierre Salkazanov dans le civil, n’est pas né de la dernière pluie dans le petit monde de la musique électronique vintage. On peut même considérer ce compositeur français comme l’un des pionniers du genre dans l’hexagone, actif sur la scène cosmique dès 1976, et auteur de trois albums remarqués entre 1977 et 1983 (« Green Day », « Moebius » et « In Course Of Time »). L’univers musical singulier et poétique de Zanov trouve ses fondations dans l’héritage 70’s des grandes pointures allemandes de la « kosmische musik », Klaus Schulze et Tangerine Dream en tête. Alors que ces derniers adaptent leur son et leur style avec plus ou moins de succès artistique dans la période charnière et casse-gueule des années 80 (Schulze y découvre les joies du numérique et du MIDI, la bande à Edgar Froese délaisse l’atmosphère au profit de la mélodie…), Zanov reste quant à lui fidèle à son instrumentarium analogique et poursuit ses expérimentations dans ce même esprit « originel » qui l’anime encore aujourd’hui. « In Course Of Time » par exemple, aurait en effet pu paraître et briller de mille feux durant l’époque bénie des « Timewind », « Rubycon », « Body Love » ou « Ricochet », car c’est bel et bien dans cette tradition fondatrice qu’il continuait à s’inscrire malgré le virage amorcé sur toute la planète rock. Sa palette et matrice sonore, le claviériste la génère à partir d’une batterie de synthétiseurs restés légendaires, tels que le VCS 3, l’ARP 2600, le RMI ou encore le PS 3300. L’oeuvre de Zanov (initialement parue chez Polydor), jamais rééditée en CD à ce jour, a obtenu un statut culte auprès des amateurs de par sa rareté et, bien sûr, de ses indéniables qualités musicales.
Après une longue période de silence contraint par les aléas de la vie, Zanov réapparaît succinctement en 2000 avec la publication de deux titres extraits de « Green Day » sur la compilation « L’Âge d’Analogue » (aux côtés de Space Art, Droids, Richard Pinhas ou Heldon), mais ce bref sursaut n’amènera rien de plus en termes d’actualité. Ce n’est qu’en 2014 que le compositeur revient pour de bon sur le devant de la scène des musiques électroniques old school, avec ce « Virtual Future » au design et à l’intitulé on ne peut plus science-fictionnel (la S.F restant une thématique chère à notre talentueux compositeur). Sauf que la genèse de l’ouvrage remonte à bien des années, à savoir dans le sillage de son troisième opus « In Course Of Time ». En effet, à la suite de celui-ci, Zanov avait réalisé un album conceptuel intitulé « Nous Reprenons Notre Avenir », titre qui ne verra jamais le jour sous sa forme initiale. Ce dernier combinait arrangements électroniques et poèmes déclamés à partir de voix « vocoderisées ». Ce chantier fut abandonné par l’artiste faute de temps, quand celui-ci s’octroya une longue pause dans ses activités créatives, avec la seule promesse d’y revenir un jour plus clément.
Trois décennies bien pesées plus tard, le travail est enfin achevé avec « Virtual Future », un disque plein de caractère qui reprend et augmente le contenu musical de son aîné ébauché dès 1979 avec l’apport de l’informatique et des nouveaux synthétiseurs virtuels (d’où le titre ?). L’arlésienne est enfin éditée pour le plus grand plaisir des fans de Zanov, sans oublier les nouveaux curieux qui ne manqueront pas de découvrir pour l’occasion un nom essentiel de l’épopée synthétique à la française. Les paroles sont ici néanmoins abandonnées, au profit d’une oeuvre 100% instrumentale soignée et peaufinée à l’extrême (il faut dire que Zanov aura laissé plus que la durée nécessaire à la maturation de son bébé !). Et le résultat, véritable fourmillement analogique aussi nostalgique dans la forme qu’immersif par nature, est largement à la hauteur des espérances.
Si les sonorités employées peuvent paraître familières et solidement enracinées dans une époque révolue, les compositions qui en résultent ne ressemblent qu’à elles-mêmes. On pense parfois à certains passages du célèbre « Crystal Machine » de Tim Blake, mais les comparer serait immensément réducteur pour le travail de Zanov et le style qui lui est propre. En choisissant un format « court » (les 7 titres présents n’atteignent jamais la barre des 10 minutes), le musicien évite de se vautrer dans les clichés éculés de la musique planante de ses glorieux aînés, avec les sempiternels enchaînements de nappes et autres solos étirés à l’extrême. « Virtual Future » est infiniment plus personnel, plus sincère, plus surprenant aussi, et son pouvoir évocateur pour l’imaginaire n’en est au final que plus grand malgré la concision du propos.
Je ne saurais donc que vous conseiller de partir à la découverte de cette bien jolie collection de courtes fresques hypnotiques et étranges, tumultueuses et alambiquées, illustrant paradoxalement un futur virtuel au moyen de sonorités anciennes « dématérialisées », et ce grâce à l’apport des technologies de pointe. L’esthétique analogique 70’s reste résolument intemporelle et n’a décidément pas fini de nous surprendre, à condition que son emblématique lutherie (samplée ou non) soit utilisée pour aller de l’avant.
Un retour réussi donc pour l’explorateur Zanov, qui évite ici le piège de la nostalgie béate sans jamais sombrer dans l’expérimentation aride ou, au contraire, se vautrer dans la facilité de l’electro mainstream. « Virtual Future » est un nouveau classique de la ME, bien plus aventureux et original qu’il n’en a l’air au premier contact. Des comeback comme celui-ci, on en voudrait plus souvent !
Philippe Vallin (8,5/10)
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j’aime beaucoup la musique de PIERRE, et pierre pour mois est un ami de longue date, son album est vraiment super et grace à Pierre j’aie put voir les premiers synthetiser analogique, je lui doit beaucoup, en terme d’amitité et en tant qu’artiste, pour mois c’est quelq’uun de très proche et il m’apprends beaucoup de chose à car j’aie un projet
Excellent return!
and I hope also in reissues of old album on cd….
Je suis impressionnée et agréablement surprise.
Bravo Pierre
MIchèle Mathieu (bull Echirolles)