Z’ev/KK Null – Extra Space, Extra Time

Extra Space, Extra Time
Z’ev/KK Null
2011
Korm Plastic

Z’ev KK Null – Extra Space, Extra Time

Il n’en fallait pas plus pour que Z’ev, le percussionniste fou, et KK. Null ne remettent ensemble le couvert. Inutile de dire qu’on navigue dans des eaux troubles avec les deux compères. Une musique qui ne rime pas avec sinécure pour l’auditeur, bien que la participation de ce dernier soit plus que demandée. « Extra Space, Extra Time », c’est d’abord un objet en soi, un packaging cartonné tiré d’une série de sorties intitulée « Brombron Serie ». Le contexte ? Deux artistes sonores se rencontrent, ou se retrouvent, dans le cadre d’une résidence artistique nommée « Extrapool ». On y trouvera des personnalités telles que Francisco López, Stephan Mathieu ou bien encore Steve Roden. Bon, si vous pensez que cet album vous caressera dans le bon sens, vous avez tout faux. Entre les percussions retravaillées, aléatoires et métallico-percussives de Z’ev, et cette décharge électronique multiforme qui caractérise le son du Japonais, « Extra Space, Extra Time » ne ménage pas celui qui l’écoute. En effet, pourrait-on comparer cet album à un labyrinthe auditif ou chacun trouvera, ou non, sa propre porte de sortie comme il modifiera sa perception spatiale.

Décrire ce qu’on entend et ce qu’on ressent n’est pas aisé tant l’ensemble tire vers l’abstraction la plus débridée. Rythmes tribaux rehaussés de déflagrations soniques, pointes d’électroniques réverbérées se faisant discrètes ou englobantes, minimalisme et répétition de certains instants, maximalisme et improvisation évitant la facilité de la noise. Ce n’est pas facile, pour cause, c’est une confrontation. On nage, on traverse, on s’englue, scruté par un microscope d’avant-garde géant, baladé dans des directions contradictoires et infinies, fourmis aux jambes, esprit en pagaille.

On fait front, on se détache, on persiste, on abandonne. C’est le carré noir de Malévitch sur fond blanc qui se bariole, s’extirpe et vous explose à la tronche sans prévenir. Un tableau abstrait qui s’est rendu compte qu’il a été accroché à l’envers, et qui veut à tout prix se remettre en bonne place. « Extra Space, Extra Time », c’est un peu ça, une abstraction qui pète, une remise en cause structurelle, un casse-tête sonore. Un plaisir sucré/salé pour les amateurs.

Jérémy Urbain (7,5/10)

http://www.rhythmajik.com/

http://kknull.com/en/

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