Yojimbo – Yojimbo
Autoproduction
2022
Rudzik
Yojimbo – Yojimbo
Connaissez-vous le film japonais Yojimbo (traduisible par le justicier ou protecteur ou gardien) du célèbre réalisateur Akira Kurosawa sorti en 1961 ? Peut-être pas, mais après avoir lu cette chronique de Yojimbo, vous connaitrez désormais le groupe et encore mieux, leur premier EP. Ce quatuor n’est pas japonais, mais bel et bien strasbourgeois. Remarquez, leur musique est considérablement plus consistante qu’un assortiment de sushis. C’est plutôt le plat de choucroute bien garnie qu’ils nous servent avec leur stoner puissant même si, perso, je préfère plutôt le baeckeoffe accompagné d’une bonne mousse brassée par mon pote Julien (L’altruiste… le nom de la bière… enfin… mon pote l’est aussi… altruiste !), celui qui a attiré mon attention sur ce groupe régional très talentueux.
Yojimbo, le groupe, a vu le jour 58 ans après le film, donc en 2019 pour ceux qui n’ont pas appris le calcul mental à l’école. Ahhhhh ! Quelle belle époque que celle qui a précédé la pandémie ! Nos insouciants Alsaciens s’étaient dit « Allez hop ! Un an de répètes et de concerts et nous pourrons sortir notre EP ». Bon, ben ça a pris deux ans de plus. Pour autant, ça montre la volonté de nos quatre Strasbourgeois emmenés par Sophie Steff (guitare rythmique et chant) et Florent Herrbach (guitare), tous deux salariés de la célèbre salle de concert locale La Maison Bleue ce qui leur a permis d’accéder à ses locaux de répétition en compagnie de leur ingé son Samuel Kapoor. Le combo est complété par Aurélien Schreiber à la basse et Stefan Legrand à la batterie.
Est-ce le délai imposé qui a été bénéfique ? Toujours est-il que les cinq compos proposées par Yojimbo sont remarquablement peaufinées. Le groupe ne s’enferme pas dans les schémas classiques du stoner et du doom. Certes, nous sommes bien au royaume du fuzz, mais que les titres soient courts ou plus longs, leur rythmique est fréquemment breakée et des changements de rythmes interviennent sur chacun d’entre eux. Il est clair que Yojimbo a tout misé sur la complexité des rythmiques très sombres, régulièrement habillées de quelques arpèges de guitare judicieusement plus lumineux (« Battlefield », « The Fear Still Grows ») plutôt que sur des soli de guitares affriolants, et ce, afin d’éviter le piège de la monotonie doomesque. Et tout cela fonctionne remarquablement bien. Ajoutez-y le chant très spatial de Sophie, quelques parties de guitare acoustique en introduction sur « Kingdom » et « The Fear Still Grows », une dose de groove à la sauce wah wah sur « Last Mine », et vous serez convertis à la cuisine musicale alsacienne concoctée par Yojimbo. Cependant, mon petit préféré est le très direct, sautillant et sec « Devil’s Dance » dont le format assez court (3mn26) ne l’empêche pas de se montrer versatile, renfermant une épatante et inattendue partie mid tempo en son cœur. Court est également le format de l’EP d’environ 22 minutes ce qui nous laisse un peu sur notre faim.
Cette galette a déjà reçu l’adoubement de la communauté stoner doom et même space rock, témoin le joli artwork de la jaquette, car le bouche-à-oreille des plateformes d’écoute musicales a fonctionné à merveille. C’est très prometteur pour Yojimbo, autoproclammé groupe d’intergalactic stoner rock, même s’il lui reste encore à se faire une plus belle place au soleil de notre chère planète bleue avant d’aller, qui sait, s’exporter pour conquérir les autres galaxies et rallier à leur cause les petits hommes verts ou gris du fin fond de l’espace.
https://yojimbostonerband.bandcamp.com/releases
https://www.facebook.com/yojimbomusicband
Crédits photos Nils Bronner, Antoine Lamic, Komyfo Studio