Wilco – What’s Your 20 ? Essential Tracks 1994-2014
Wilco
Nonesuch/Warner Music
Les inconditionnels de Woody Guthrie, Bob Dylan, Neil Young ou Calexico n’auront pas besoin de lire cet article : ils possèdent probablement déjà l’intégralité des disques de la bande à Jeff Tweedy. Cela dit, une bonne anthologie peut parfois servir de sas au néophyte. Et c’est bien à lui que s’adressera cette modeste chronique. C’est l’heure du bilan de mi-parcours pour Wilco. La (déjà longue) carrière de ce (très bon) groupe américain, forte de quelque huit albums en studio et pléthore de captations live ou autres compilations, force le respect. Chef de file de ce que l’on appellera « style americana », la bande de l’Illinois n’aura de cesse de proposer une musique simple, classique mais rondement efficace, croisant souvent le fer avec une musique indépendante plus européenne (Radiohead, à l’époque où ils sortaient encore leurs guitares de leurs étuis !). Ainsi, aux confluents de différents genres musicaux connexes, les compositions fraîches et mélodiques en diable du sextet ne pourront que plaire aux amateurs de musique américaine de qualité.
On retrouvera d’ailleurs la « patte Wilco » dans beaucoup de productions de ces dix dernières années. Le dernier et magnifique album du Français Jean-Louis Murat (Babel) le prouve. Wilco, qui a la reconnaissance du ventre, poussera même l’intégrité, trente ans après Robert Zimmerman (Bob Dylan) jusqu’à mettre en musique des textes méconnus du père de la musique blanche américaine : Woody Guthrie. On pourra toujours ronchonner que l’art de Wilco confine parfois au recyclage de l’histoire de la musique populaire américaine. Il n’empêche : l’écoute des presque quarante pièces de choix composant cette double offrande suffira à convaincre les plus sceptiques.
Les ingrédients classiques de la sauce Wilco sont présents dans des proportions agréables : talent mélodique du chanteur et principal compositeur Jeff Tweedy, guitares dissonantes et en liberté, production digne des meilleurs Neil Young (« Harvest », « On The Beach ») et ambiances fleurant bon le Midwest américain, sans jamais sentir le pastiche ou le stéréotype. Et comme en Amérique sont toujours servies doubles rations, une rondelle-compagnon ficelle l’affaire : un coffret astucieusement nommé « Alpha Mike Foxtrot, Rare Tracks 1994-2014 », présentant des pépites moins dépolies, offre une autre facette du groupe, moins facile et plus rugueuse. A écouter dans ses vieux Levi’s.
Christophe Gigon (7/10)
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