Vernon Reid & Masque – Known Unknown

Known Unknown
Vernon Reid & Masque
2004
Favored Nations

Vernon Reid & Masque – Known Unknown

Vernon Reid est un guitariste qui s’est fait connaître par sa participation au groupe de fusion-metal Living Colour. Suite à leur split, le guitariste a poursuivi une carrière solo en mettant sur pied le collectif Masque. Après un premier album remarqué en 1996, Vernon Reid nous revient 8 ans plus tard avec 12 pistes d’un jazz-funk tonitruant, qui nous replongerait dans les années 70 avec Hammond B3 à foison et rythmiques groovy. Mais attention, Vernon est loin de se borner à reproduire les codes du genre, comme le font bon nombre de jeunes groupes de jazz-funk instrumental. En effet, la musique est émaillée par-ci par-là de rythmiques électro-jungle (la très vitriolée reprise de Thelonious Monk « Brillant Corners », le virevoltant « Outskirts », le très rythmé « Down and Out In Kigali And Freetown »). Par ailleurs, le guitariste s’imagine commissionné pour réaliser la musique d’un jeu vidéo (l’explosif « Sidewinder »). On entend également du hip-hop (la batterie syncopée de « known Unknown », les platines de « Voodoo Pimp Stroll », les beats ouvrant « X The Unknown »). Le plat frénétique est également assaisonné d’une pincée de blues (le languissant « Time »). Enfin, pour couronner le tout, le guitariste nous invite à rejoindre les dancefloors (le très urbain « X The Unknown », qu’on croirait tout droit sorti d’un projet électro de Bill Laswell, et dont des notes de guitare en cascade apportent néanmoins une touche d’onirisme). Il est à noter que les éléments jungle ou hip-hop s’intègrent parfaitement au propos jazz-funk du projet car ils ne sont ni programmées, ni le fait de machines, exception faite de « X The Unknown » qui viendrait comme un bonus « remix » d’un morceau original. Une pointe d’humour, qui n’est pas sans rappeler la démarche des Dixie Dregs en leur temps, vient pimenter le propos technique du combo (les claviers espiègles de « Known Unknown », « The Slouch », « Sidewinder » et « Voodoo Pimp Stroll » ; la clarinette hilare de « outskirts » en clin d’oeil à son comparse Michel Portal du projet ‘Minneapolis’ ; les platines en cris de souris de « Voodoo Pimp Stroll »). Par ailleurs, l’avant-garde vient aussi s’inviter à la fête (le piano contemporain de « Briliant Corners », les claviers désorientés de « Voodoo Pimp Stroll »). Quant au style du six-cordistes, il associe l’exubérance de Buckethead, l’expressivité de Steve Vai, le côté brouillon de Jimi Hendrix et la réflexivité de David Torn. Très bon technicien, Vernon Reid sait cependant laisser au vestiaire sa fierté orgasmique, pour nous proposer un jeu plus humble (les nappes méditatives de « Down And Out In Kigali And Freetown », les notes chantantes à la Pat Metheny de « Strange Blessing » et les accents éplorés de la guitare « fuzz » de « Flatbush And Church »). Entouré de musiciens talentueux, Vernon Reid a réalisé avec « Known Unknown » un album bouillonnant de créativité et pétri de fraîcheur, à l’image de toutes les musiques qui l’ont inspiré.

Lucas Biela (9/10)

http://www.favorednations.com/tommy-emmanuel/

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