Tom Adams – Beside The Analogue Sea

Beside The Analogue Sea
Tom Adams
Ocean Temple Records
2022
Thierry Folcher

Tom Adams – Beside The Analogue Sea

Tom Adams Beside The Analogue Sea

Lors d’une précédente chronique, je vous avais présenté Yes, Sleep Well Death (2018), le deuxième album du britannique Tom Adams. Un étonnant témoignage musical que j’avais qualifié de symphonie cosmique tout droit venue du fin fond des univers froids et brûlants. Aujourd’hui, le décor a légèrement changé et son tout nouveau projet intitulé Beside The Analogue Sea se révèle plus intime, comme fabriqué sur un tapis de douceur et d’apaisement. Ce troisième opus a réduit la voilure et s’est installé « at home » dans le confort douillet des lieux familiers. La minuscule maison de la pochette (très belle) symbolise le refuge vers lequel Tom semble vouloir se diriger pour y rechercher une forme de sérénité et de plénitude. Trente-huit minutes seulement pour sept nouveaux morceaux où, bien sûr, domine la voix de falsetto de mister Adams. Un timbre très haut perché, véritable marque de fabrique et grande attraction de ses étranges mélopées angéliques. Donc pas d’envolées torrides genre post rock qui vous collaient à votre siège façon montagnes russes. Non, ici on est entre nous, à profiter d’instants folk très doux et à sourire béatement à la sensation de bien-être qui nous envahit. Cela dit, le lien avec Yes, Sleep Well Death est bien réel, surtout grâce à « The Garden », son morceau de clôture qui nous renvoyait vers les lieux chéris de l’enfance. Alors, même si Tom a quelque peu modifié son approche artistique, on ressent malgré tout une forme de continuité plutôt qu’une volontaire rupture de style. Les fans s’en rendront compte très vite et seront à l’aise en sa compagnie à fredonner les jolies mélodies de ce nouveau disque.

Avant d’arriver dans son havre de paix, Tom Adams a beaucoup voyagé. Et ce sont toutes ses expériences récoltées autour du monde qu’il a voulu mettre en musique, tranquillement chez lui à Falmouth, sur la côte sauvage des Cornouailles. Ce sont d’ailleurs les bruits de l’océan que l’on entend en ouverture de « The Turning Of The Year », le premier titre de l’album. Le décor est planté, il n’y a plus qu’à y incorporer quelques arpèges de guitare et bien sûr la voix de Tom pour créer ce joli moment folk, très envoûtant et annonciateur de belles rêveries à venir. C’est étonnant de constater comment un environnement peut influencer votre écriture. Lorsqu’on écoute « A Flower, Disappearing », on imagine le ressac, les vagues et les oiseaux ballottés par le vent. Que ce soient les claviers, la guitare ou la voix portée par un rythme ondoyant, tout s’installe dans une ambiance maritime que les bruitages évocateurs ne font qu’accentuer. Avec Ocean Temple, son projet de studio, Tom Adams nous parle d’un lieu qui peut affronter les éléments et se dresser fièrement face aux adversités de la vie moderne. Il invite même les artistes à venir faire l’expérience de ces murs indestructibles et de laisser l’inspiration s’installer en eux. La métaphore sur les crises extérieures et le désir de s’exprimer librement, sans aucune pollution mentale, ne fait aucun doute. Il souhaite aussi que chacun de nous vienne se perdre dans sa musique et puisse vivre un véritable voyage émotionnel. La-dessus, pas de problème, le décrochage est simple et le voyage au pays de Beside The Analogue Sea ne pouvait mieux commencer avec ces deux premiers titres évocateurs à souhait. Mais la grosse sensation est à venir et il y a des moments où la musique prend une altitude telle que les mots ne servent à rien.

Tom Adams Beside The Analogue Sea Band 1

Ce qui arrive avec « If My Love Was A Guitar », se passe de tout commentaire. Il suffit de s’asseoir et de se laisser bercer par ces vibrations merveilleuses à la fois rares et inespérées. Je vais y aller quand-même de mes impressions parce qu’elles me démangent et que le besoin de partage est trop fort. Et puis non… Vous verrez par vous-même. Et quand je dis voir, ce n’est pas forcément une maladresse de style car le clip qui accompagne la chanson est juste magnifique. Je soulignerais seulement les formidables vagues de clavier, elles aussi au diapason des éléments extérieurs. Ce titre est long (plus de sept minutes) et s’installe comme une pièce maîtresse qui pourrait se suffire à elle-même. Mais Tom a des ressources et la suite de son album n’est en aucun cas du remplissage ou un cache-misère. Alors, malgré la hauteur prise par les événements, « Paramour » ne va pas souffrir de son encombrant compagnon. Ici, la sensibilité est à fleur de peau avec des parties vocales de toute beauté. L’ambiance est recueillie et d’une profondeur quasi religieuse (dans le bon sens du terme). Cela dit, « Paramour » n’est pas verni de se trouver entre « If My Love Was A Guitar » et « The Spinning », l’autre grand moment de Beside The Analogue Sea. Un morceau en deux parties distinctes où la première, chantée et enlevée contraste avec la seconde, instrumentale et méditative. Je voudrais avant tout mettre en lumière les nombreuses variations de voix qui s’entremêlent et soulignent un travail de production (Tom Adams) parfaitement maîtrisé. Tout au long de l’écoute de cet album, on se rend compte du soin apporté à l’enregistrement et de la parfaite mise en application des intentions du fondateur d’Ocean Temple.

Ensuite, les deux derniers titres vont former une conclusion des plus heureuses. Tout d’abord avec « Morning Grey » et sa basse bien ronde. Ce morceau contemplatif déroule un gospel souterrain qui aurait pu exploser à tout moment. Et c’est là tout le paradoxe de cette œuvre volontairement intimiste basée sur la retenue mais qui possède dans ses entrailles un arsenal de décibels étouffés. Dommage ou pas, c’est à vous de voir. Et pour finir, « Postcards From The Roads » va faire défiler ses souvenirs de voyages en laissant l’homme face à la mer et en pleine communion avec elle. Le clip est lui aussi d’une intensité remarquable grâce à ce travelling arrière qui cadre Tom au bord de la falaise à scruter le monde qu’il vient de parcourir. La petite maison sur la droite amènera quant à elle la toute dernière parole de cette chanson… et du disque. Home.

Tom Adams Beside The Analogue Sea Band 2

Voilà, je n’ai pas grand-chose d’autre à rajouter si ce n’est que Beside The Analogue Sea n’est pour l’instant disponible qu’en versions numérique et vinyle. Cela bien sûr, pour les adeptes de l’objet dont je fais partie et que je défendrai toujours. Mais ceci est une autre histoire. Sinon, qui que vous soyez, je vous recommande d’écouter ce dernier album de Tom Adams et de partir comme il dit, pour un voyage au pays des belles émotions retrouvées.

https://oceantemple.bandcamp.com/

 

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