Therion – Les Fleurs du mal

Les Fleurs du mal
Therion
Autoproduction
2012
Palabras De Oro

Therion – Les Fleurs du mal

Therion Les Fleurs Du Mal

« Mais qu’est-ce que je pourrais bien trouver pour fêter dignement les 25 ans de mon groupe de metal gothique et symphonique ? ». Je pense que l’idée de faire plaisir aux fans de Therion n’a pas effleuré son charismatique leader Christofer Johnsson. Par contre, celle de les surprendre a rapidement germé dans son cerveau, étant un fan de la musique pop 60’s française. Eh oui ! Il choisit de mettre à la sauce Therion quinze chansonnettes datant de l’ORTF ; entendez par là, conserver la trame et la langue française tout en y greffant le chant gothique et les arrangements lyriques et métalliques du groupe suédois. Auto convaincu par la pertinence de sa fabuleuse idée, Christofer prit son bâton de pèlerin et revêtit sa robe d’avocat pour aller la présenter à son label Nuclear Blast… qui, horrifié, s’empressa de lui opposer une fin de non-recevoir. C’est ainsi qu’en 2012, Therion sortit… en autoproduction… son quinzième album fort justement nommé Les Fleurs Du Mal, nom du fameux recueil de poèmes de Charles Baudelaire.
L’accueil qui lui fut réservé par sa fan base et les médias spécialisés alla (comment le dire gentiment ?) de l’incompréhension au rejet pur et simple, voire au sentiment de « foutage de gueule » (OK, ça c’est moins gentil). Certes, il y en aura toujours pour s’extasier devant « une telle prise de risques » et « un pareil effort artistique » (il suffit de jeter un œil sur les commentaires youtube), mais, quand je vois que Les Fleurs Du Mal – French Edition digipak est actuellement en vente à seulement 2€ sur le site du groupe, je pense bien refléter le sentiment général. Même sa jaquette, censurée par plusieurs sites pour cause de « contenu explicite » (mais pas sur youtube, comprenne qui pourra), n’a pas été plus vendeuse.

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Pour ceux qui n’ont pas lu Therion Pour Les Nuls, rappelons que le band suédois a été créé en 1987 par Christofer Johnsson, un guitariste à la poigne de fer. Ses débuts donnèrent dans un death metal au chant growlé qui évolua vers un heavy metal lyrique, gothique et symphonique. Depuis, ses albums bénéficièrent d’une production classieuse et emphatique et ses productions scéniques devinrent des musts à grand spectacle avec un quatuor de chanteur(e,s) lyriques, même si le groupe n’atteindra jamais le niveau d’un Trans-Siberian Orchestra par exemple. Un orchestre symphonique participa même à l’enregistrement de leurs albums Lemuria et Sirius B. Alors, toute cette machine de guerre lyrique est mise au service des ritournelles 60’s précitées et donc, c’est bien du gros son Therion qui sort par les HP de ma chaîne. Par contre, je dois avouer que la dichotomie entre ces deux aspects de l’album est totale. On est à des années lumières d’un « The Rise Of Sodom And Gomorrah », le formidable morceau introductif de Vovin, leur meilleur opus sorti en 1998. Bien que trois des titres retenus soient composés originellement par Gainsbourg (si l’on compte le bonus), la sauce ne prend que rarement. Ça commence très mal avec le célèbre «  Poupée De Cire, Poupée De Son » de France Gall qui frise le ridicule malgré la performance de Lori Lewis. Son clip alcoolisé est pitoyable, à croire qu’il donne une piste sur l’état dans lequel était Johnsson quand il décida d’enregistrer l’album. Pour ceux qui n’ont pas tout compris, une seconde version de ce titre, en duo avec son compère Thomas Vikström cette fois, clôture l’album, sans plus de réussite. Le bonus « Les Sucettes » souffre des mêmes maux. C’est bien simple, on peut classer la tracklist en trois catégories, les fiascos, les passables et les réussites (si, si, il y en a quand-même). Dans la première, outre « Poupée… », j’y range l’autre poupée, la mièvre « Dis-Moi Poupée », et puis la sans relief « En Alabama » (pas avec Neil Young en tout cas) à peine rachetée par sa partie instrumentale, le pitoyable punky « Je N’ai Besoin Que De Tendresse » et la ridicule « J’ai Le Mal De Toi » qui ne font pas honneur au brillant chanteur Snowy White, et enfin, l’insipide « La Licorne D’Or ». Et hop ! La moitié de l’album y est passée. Pour les passables, on notera que « Une Fleur Dans Le Cœur » se parfume tardivement sur un final renforcé, « Polichinelle » est sur une corde raide mais tiens bon, « La Maritza » de la franco-bulgare Sylvie Vartan surnage avec ses couplets mélancoliques alors qu’elle sombre sur son refrain balkanique, « Lilith » est solidement martiale mais pèche par son chant peu convaincant, « Wahala Manitou » est une valse baroque désenchantée passable. En définitive, on ne comptera que trois réussites. « Initials B.B. », c’était déjà une bonne chanson de Gainsbourg, son refrain symphonique colle parfaitement au monde musical de Therion qui la magnifie. « Mon Amour, Mon Ami » de Marie Laforêt est reprise très martialement, son rendu metal gothique la plonge dans un sombre désespoir que je kiffe. Pour « Sœur Angélique », c’est un côté lyrique très réussi qui la bonifie. Je dois dire que Christofer Johnsson ne s’est pas mis dans les meilleures conditions pour nous faire avaler cette pilule avec une track-list aussi peu évidente à « therionniser ». Un « Bal Des Laze » de Polnareff, qui n’a pas pris une ride, (la chanson, pas Polnareff) aurait trouvé tout naturellement sa place sur un tel album. Mais bon, on aura au moins échappé à la clique des covers 60’s dont Johnny, Dick, Claude, Sheila et autres Eddy faisaient partie. Des covers de covers, ça aurait été lourdingue. C’est toujours ça de pris.

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Therion semble avoir eu beaucoup de mal à se remettre de cet échec cuisant. Il faudra six longues années pour qu’il ressorte un nouvel album et Lori Lewis, sa cantatrice américaine emblématique intégrée au groupe en 2010, quittera la formation seulement deux ans après la sortie de Les Fleurs Du Mal, sans que je sache s’il y a une relation de cause à effet. Moi aussi, j’ai eu du mal à surmonter ma déception incrédule, même si je parviens à démontrer par cette chronique que j’ai quand-même écouté tout l’album dont les fleurs finalement épineuses m’ont cependant fait très mal.

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