Theologian – The Further I Get From Your Star, The Less Light I Feel On My Face

The Further I Get From Your Star, The Less Light I Feel On My Face
Theologian
2010
Crucial Blast

Theologian – The Further I Get From Your Star, The Less Light I Feel On My Face

2009, Leech mettait fin à son projet Navicon Torture Technologies avec son double testament « The Gospels Of The Gash ». Une page se tournait dans l’histoire du power electronics et de la noise en général. Jamais n’avait-on entendu un tel déferlement de nihilisme sonique, gorgé de drones abrasifs et autres dérapages bruitistes ahurissants de puissance, porté par cette voix, ah… cette voix qu’on aurait pu entendre sur une galette de hardcore. Une certaine idée de l’extrémisme sonore. Cependant, Leech ne quittait pas le monde de la musique pour autant. Un an après sortait sur Crucial Blast le premier full-length de Theologian. Nouveau projet de l’intéressé, toujours en solitaire (et sans aucune aide extérieure), « The Further I Get From Your Star, The Less Light I Feel On My Face » présente une avancée, un nouveau visage déformant dans la démarche du furieux. Ce qui rendait Navicon Torture Technologies unique, c’était de construire ce batiment industriel sans avoir recours à cette surcharge de bruitisme, ou de crétinisme, allez savoir, dans laquelle se bourre la plupart des projets américains en gros bœufs patentés. Theologian prolonge cette approche, si noise il y a, elle doit poser une ambiance. C’est tout sauf un son de la gratuité. Ces drones si puissants engrangent l’espace, défilent, gagnant en rondeurs jusqu’à atteindre une profondeur ésotérique magnétique….

… Entrez dans le monde de Leech. Son minimalisme ténébreux, personnel, tel un trésor enfoui sous des catacombes putrides. Ce mec vit de son déversement. Son son vit, pulse, craché par ses tripes. Leech ne triche pas, ses constructions viennent de sa rage, de sa sueur, de son dégoût, son humanité bafouée. Noir… Tout est si obscur en son monde, un long couloir souterrain, une issue incertaine, une progression qui l’est d’autant plus, arc-bouté, les pieds dans l’eau, la tête qui frôle un plafond biscornu, suintant et mouvant. Une ventilation sans attache, imperturbable. Grésillements, incantations soufflées. Plus on s’imagine remonter qu’on s’enfonce, en pure perte. Leech est un marionnettiste. Ses fils brisent les enveloppes et aspire l’énergie. C’est un piège, sordide. La réalité ne vient pas à nous, c’est nous qui la construisons dans ces lieux interdits où fantasmes et cauchemars se conjuguent. Si authentique, sans fioritures, intimiste presque. Fallacieux, sonorité sournoise et basses lourdes, surnaturelles. Theologian est hypnotique, absorbe les sensations dans une densité de matière qu’on se surprend à triturer alors que c’est notre cécité qui nous guide. Trop tard… Nous sommes dans les abysses de l’âme, je crache dessus et je me délecte de cette beauté glaciale qui s’insère dans tous les orifices…

Jérémy Urbain (8/10)

http://gash-theologian.tumblr.com/

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