The Order Of Apollyon – The Sword And The Dagger
The Order Of Apollyon
Listenable Records
Groupe dont le seul membre constant est BST (chant, guitares, programmations, et par ailleurs membre de la formation black metal Aosoth), The Order of Apollyon, émargeant sur le label français au nom sans équivoque (« Listenable Records »), nous propose un métal extrême décoiffant où les textes sont très portés sur les religions, et en particulier les violences qui sont faites en leur nom. Et, comme il se doit chez toute bonne formation de metal extrême, c’est une déferlante de décibels qui s’abat, tel un raz-de-marée que rien ne pourrait perturber sur son passage. En effet, comme on peut s’en douter, ce ne sont pas seulement les hordes de fanatiques religieux qui sont légion dans le monde de nos théologiens en herbe, mais également les murs de trémolos, les blast beats, et les voix agonisantes, trois ingrédients indispensables à la réalisation d’un album versant dans le black metal. Car oui, c’est bien ce sous-genre de metal qui ressort à l’écoute du disque qui nous intéresse ici.
Mais ne nous y trompons pas, à l’ère du « crossover » où le metal est devenu tellement protéiforme que toute étiquette est aujourd’hui futile, le groupe aime à piocher dans d’autres styles. D’un côté, ces influences sont tout aussi proches en matière de metal extrême (dark pour le côté oppressant, thrash pour les riffs galopants, death quand une voix gutturale héritée du Tiamat période « Clouds » intervient, enfin grind quand les cris de dégoût accompagnent la voix principale…). Mais de l’autre, on notera des mélodies typiques d’un power metal épique, tout en restant dans le côté obscur de la force (« Hold Not Thy Peace, O God Of My Praise », « The Hand That Became Weak »). De même, sur le final de « Our Flowers Are The Sword And The Dagger », ce ne sont plus des trémolos, mais bien des larmes de crocodile qui nous saisissent.
Par ailleurs, « Al’ankabout », avec ses paroles en arabe, nous surprendra par son instrumentation traditionnelle, là où le cinématique « By Your Command We Return To Dust » convoquera des images de marche militaire. Ce dernier aspect martial se retrouve d’ailleurs à plusieurs reprises tout au long de l’album, allant de pair avec le thème des paroles mentionné en préambule de cette chronique. L’effet cataclysmique assuré par la vélocité du duo guitares-batterie est très convainquant, et l’atmosphère oppressante et malsaine à laquelle contribue la voix est très bien entretenue, même si quelques passages semblent davantage enjoués (voir plus haut les commentaires sur les clins d’oeil au power metal). Un morceau comme « The Curse Is Poured Upon Them », avec ses guitares hantées, ses voix spectrales et sa rythmique à couper le souffle, est un grand moment de metal extrême, le genre de morceau qui vous fait comprendre pourquoi cette musique est si cathartique.
Le premier album de ce « supergroupe » (BST fait appel à des membres de diverses formations de metal extrême pour l’épauler) avait eu un accueil mitigé, la production n’étant pas à la hauteur des attentes, et les influences étant trop présentes. Autour de trois nouveaux acolytes issus de la scène metal française, ce deuxième opus est l’oeuvre de la renaissance, un groupe qui prend un nouveau départ. Décidés à infliger une sévère correction à nos oreilles mais également à clouer le bec aux mauvaises langues, les nouveaux musiciens dont s’est entouré BST ont très bien compris le message du maître de cérémonie : « foncez ! »
Les amateurs de metal extrême devraient donc être ravis par cette nouvelle livraison d’un groupe dont le leader présente beaucoup de détermination et sait se remettre en question, deux traits de caractère fort appréciables.
Lucas Biela (9/10)
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