The Native Howl – Sons Of Destruction

Sons Of Destruction
The Native Howl
Sumerian Records
2024
Lucas Biela

The Native Howl – Sons Of Destruction

The Native Howl Sons Of Destruction

Les incursions hard rock/metal ne sont pas si fréquentes en terrain bluegrass. La country a eu plus de succès de ce côté-là. Dès la fin des années 60 déjà, le southern rock a tenté un rapprochement entre les sons psychédélique et hard rock et la country. Puis ce fut le tour de l’alternative country avec le rock alternatif. Enfin, le punk et le hardcore ont également ouvert leurs bras au style hérité de la musique celtique, respectivement avec le cowpunk et les expériences du petit-fils de Hank Williams, en solo ou avec son groupe Assjack. Plus anecdotiquement, on a également vu Jeff Walker de Carcass faire des infidélités à son death metal chéri avec l’éphémère Jeff Walker Und Die Flüffers. Mais côté bluegrass, on n’a pas entendu beaucoup de fusion avec le metal. L’arrivée du bassiste Mark Chandler (venant du metal) au sein des Native Howl il y a neuf ans a tout bousculé. Eux-mêmes qualifient depuis leur musique de thrash grass (mélange de thrash metal et de bluegrass). Sons Of Destruction est déjà le troisième album du groupe dans ce style, et il se présente comme un très bon cru dans leur discographie.

Le bluegrass étant souvent synonyme de vélocité, on ne sera pas surpris que le mélange avec du metal fasse des étincelles. Ainsi, d’entrée de jeu, « Can’t Sleep » semble bien porter son nom car le morceau réveille avec son rythme effréné et ses notes de banjo en pagaille. Mais c’est aussi le travail sur le chant qui nous interpelle. Celui-ci suit le rythme avec des tonalités âpres fluctuant entre emportement sur les lignes droites et enthousiasme dans les virages. Sur « No True Scotsman », avec ses clins d’œil au thrash old school, Metallica en tête, on retrouve également cette dualité dans la voix. Le bouzouki vient même semer le trouble avec ses accents alarmés. « Waco » offre une perspective différente sur le chant. Celui-ci y est en effet plus clair, comme pour donner de l’espoir à l’hôte promis à un destin funeste. Mais le côté rêche à la James Hetfield revient quand les résidents malintentionnés de la ville de Waco se rapprochent. Dans le lot des morceaux où « rien ne sert de partir à point, il faut courir », « Devil I’ve Become » fait figure d’exception. En effet, c’est sans prévenir, après avoir émis quelques doutes, que le quatuor se lance dans la course. Soutenu par les voix de ses camarades, le propos d’Alex Holycross se veut amplifié et offre un cadre encore plus dynamique à la musique.

The Native Howl Sons Of Destruction Band 1

Ailleurs, on pourra également apprécier les incursions blues-rock. Et quelle surprise quand la voix puissante de Lzzy Hale de Halestorm vient donner du nerf au perplexe « Mercy ». Le banjo y est alors moins conquérant, offrant cependant par ses interventions un peu de chaleur. « God’s Gonna Cut You Down », avec ses claps, ses frappes sans concessions et son chant tour à tour revendicateur et lamenté, va encore plus loin dans le blues. Le gospel s’invite même à la fin avec ce grain d’adoration dans les voix. Certains morceaux déroulent néanmoins une trame plus optimiste. Ainsi, « Wide Is The River », avec son entrain communicatif, ou « In Death », avec son magnifique accompagnement vocal, font rentrer la lumière dans la pièce. Il en va de même avec « Stockholm Syndrome » où la batterie frétille de joie sur les notes enjouées du banjo et le duo vocal plein d’allant du refrain. Enfin, sur des structures plus complexes mettant bien à l’honneur la batterie et tout le talent de Zach Bolling, « BOG » et « Sons Of Destruction » offrent un clair-obscur saisissant dans leur traitement musical empreint d’espoir et de désillusions.

The Native Howl Sons Of Destruction Band 2

A la croisée du bluegrass et du metal, The Native Howl est une véritable bouffée d’air frais dans le paysage musical actuel. Les rencontres en musique ont toujours existé, et il faut les encourager pour non seulement faire vivre les styles qui y concourent, mais également pour que l’originalité continue à s’épanouir dans le monde culturel. Si vous avez l’occasion de voyager aux Etats-Unis, ne manquez pas les portes-flambeaux du thrash grass, ils y sont actuellement en tournée. A défaut, vous pourrez toujours vous plonger dans leur dernier opus, et si vous êtes conquis, remonter même le cours du temps avec leurs albums précédents.

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