The Jesus Lizard – Liar

Liar
The Jesus Lizard
1992
Touch & Go

Liar

Dans le monde des Jesus Lizard, il existe, quelque-part, dans l’univers nébuleux, et inconnu des grands scientifiques, du noise-rock, une quadrilogie qu’on appelle communément une putain de quadrilogie en quatre lettres. « Head » en était le ciment, « Goat », la première pierre qui tranche, « Liar », c’est le haut de la pyramide (pour « Down », on verra plus tard). Une pointe qui darde vers le ciel. Un rock qui pète, qui charcle, qui crache, qui chie du groove en bataille. Un duo basse/batterie sur la même fréquence décibélique jouissive du frangin Shellac. Du rock qui sent bon la barre à mine graissée et la pince monseigneur huilée travaillant besogneusement sur de la nuque fraiche. « Liar », c’est le plaisir, même pas coupable, qui fout une pêche d’enfer pour journée et soirée comprise. Des hectolitres de bières à la production si lourde et instinctive Albini « Make And Approved ». On n’en a plus des comme ça, hein les djeuns ?

Pas un titre à jeter, au grand désarroi de la famille et des voisins de palier. De l’inspiration bluesy qui tâche sans frotter les tissus les plus huppés (Argh, « Zachariah » !), de la mélodie sale, limite pochoir, dont le colocataire Unsane aura compris et sucé les fondamentaux jusqu’à la moelle sur ses galettes. Une ligne directrice ? Simplement un enchaînement ténébreux et visqueux d’arpèges dissonants et de coup de tête en pleine poire. Mais c’est aussi l’un des sommets de David Yow qui nous feule des histoires barges, chiale sa douleur d’alcoolique notoire. Transe vocale d’un putain de possédé incontrôlable, « Liar » mérite son détour ombrageux et émasculant rien que pour ça, ses cris, sa jouissance abusive et sa vessie du nez qui craque.

Y’a pas à cogiter, il y a juste à prendre comme on remplie son verre alors qu’on se pose la question s’il est à moitié vide ou à moitié plein. Une interrogation dont The Jesus Lizard se fout complètement, comme du dernier mégot jeté dans le caniveau. « Liar » ? Juste un album qui tue.

Jérémy Urbain (8,5/10)

http://www.thejesuslizard.net/

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