The Dizzy Brains au Temps Machine
X Ray Production
2019
Rudzik
The Dizzy Brains au Temps Machine (Joué Les Tours 37)
Deux chroniques et un live report au compteur et je ne suis toujours pas rassasié de The Dizzy Brains. Alors, quand j’apprends qu’ils reviennent au Temps Machine, le 6 avril dernier, à deux pas de chez moi (je les avais ratés la première fois), je n’hésite pas un quart de seconde avant de décider de retourner les voir incendier une scène. Et pourtant, on ne peut pas dire que je sois accro du punk rock garage mais ces mecs ont une telle énergie en Live que ce serait criminel de les rater.
En guise d’apéro, les gentils Briochins de Rozaire peinent à chauffer la salle avec leur rock indie pas très carré mais le public bon enfant les applaudit cependant chaleureusement. Quand les Dizzys s’installent, la température monte subitement de plusieurs crans car c’est parti pour une heure trente de rock endiablé et sauvage. Le show démarre en trombe avec un des brûlots de leur dernier album Tany Razana à savoir le punky « Motherfucker ». The Dizzy Brains plonge équitablement dans toute sa discographie (2 LP et 1 EP) et le montre de suite par « Vangy », l’un des premiers titres écrits par le groupe et qu’ils jouent systématiquement à chaque concert tellement ils y sont encore accrochés. Avec « Out Of The Cage » en troisième position, titre extrait de l’album du même nom, la revue discographique du groupe est déjà réalisée. Eddy se débarrasse de sa chemise et, s’il n’était pas imberbe, je suis certain qu’il aurait le poil aussi hérissé que celui du fossa, le félin endémique malgache, tellement il vit les textes revendicateurs et les histoires de vie (celle d’une prostituée dans « Baby Jane») qu’il éructe à la face d’un public chaud bouillant.
Le rythme est intense et si Eddy est omniprésent dans ses attitudes à la Mick Jagger, je dois avouer que je suis scotché par la prestation de Mirana à la batterie. Ce mec a incroyablement progressé. Moi qui reviens tout juste du Prognosis à Eindhoven lors duquel j’ai vu des batteurs hors norme – le plus fabuleux ayant été Baard Kolstad de Leprous – je suis agréablement surpris par la technicité de Mirana. Il enrichit la rythmique de chaque titre par rapport à sa version studio avec parfois un soupçon de polyrythmie. Vraiment désolé Eddy mais ce soir, en ce qui me concerne, ton batteur t’a volé la vedette. Même son solo de batterie (je déteste les soli de batterie) n’est pas chiant au possible (comme souvent) et d’ailleurs, il est suffisamment court pour ne pas faire retomber l’ambiance électrique du concert.
Et pourtant, Eddy provoque volontairement un gros coup de mou en évoquant la dramatique maladie qui a affecté son frère Mahefa (basse), à l’honneur dans « Boom » et auteur d’« I Wanna Die », un titre très sombre composé depuis son lit d’hôpital. A la fin de ce morceau tout aussi dramatique sur un tempo ralenti, il s’exclame« Personne n’aime ce morceau mais nous on l’adore ! ». Ben si Eddy, moi je l’aime bien aussi ce titre et le placer à mi-concert est une bonne idée. En tout cas, on est très heureux d’apprendre que Mahefa est désormais guéri ce qui est quand même le plus important.
Le rythme ne faiblit absolument pas après une bonne heure de concert et un des fans aux anges hurle « Bon, on en est presque à la moitié là » ce qui faire bien marrer Eddy.Il est tout content de dénicher cinq / six compatriotes dans la salle, lui qui réaffirme haut et fort la nationalité et la domiciliation malgaches du groupe contrairement à ceux qui voudraient faire croire qu’ils sont français et seulement « d’origine malgache ». Ben oui, ça arrangerait certainement beaucoup de nantis là-bas de faire croire que les Dizzys ne savent pas vraiment de quoi ils parlent quand ils critiquent la misère et la corruption au pays. C’est le moment d’appuyer là où ça fait mal avec leurs deux chansons les plus anti-système, « Fatman » et surtout « Finger Up » que nos « gasy » ne peuvent pas interpréter chez eux sous peine d’être immédiatement embarqués par les forces de l’ordre de cette magnifique « démocratie » qu’est Madagascar. C’est le signal pour un pogo déchaîné auquel participe un jeune policier venu incognito (ou presque) mais dénoncé par ses potes (sans doute encore des gilets jaunes !). Eddy se retrouve étendu à terre à l’identique de la pochette d’Out Of The Cage, comme anéanti par les soli de guitare acérés de Poun.
Le rappel est d’une énergie folle avec pas moins de trois titres enchaînés à vitesse grand V dont leur fameuse reprise des « Cactus ». Ça me rappelle à quel point tous les jeunes malgaches sont imprégnés de la variété française des sixties. Bon, quand-même, la version hyper punk des Dizzy n’a plus grand chose à voir avec l’original.
Il est grand temps de se quitter même si l’on sent que les Dizzys arrêtent les festivités à regret avec Mirana sur le point de relancer la machine pour un quatrième incendie en guise de rappel mais Eddy, d’un sourire, lui fait comprendre qu’il est à court de carburant, lui qui ne donne pas dans les économies d’énergie. Environ cent cinquante fans ont assisté à cette tuerie. Ils auraient pu être plus nombreux mais en fait, les Dizzy Brains ne se sont pas ménagés pour autant et sont enchantés de l’accueil.
Eddy me confiera aussi adorer jouer dans des pubs devant un public restreint mais non fan à la base : « C’est ce qui nous permet de vraiment juger de l’accueil fait à notre musique du fait que nous ne sommes pas devant un public acquis d’avance ». On le voit, nos quatre de Madagascar sont amateurs de challenges. Quant à moi, mon prochain challenge sera de retourner les voir en emmenant, qui sait, quelques potes dans mon sillage.
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