The Commoners – Restless
Gypsy Soul Records
2024
Palabras De Oro
The Commoners – Restless
Comme moi, tu es orphelin de The Black Crowes, le célèbre groupe de revival southern rock, qui, bien qu’officiellement reformé en 2020, se fait des plus discrets. Tu te repasses en boucle leur fantastique album The Southern Harmony And Musical Companion (1992), un pied de nez au grunge triomphant de l’époque. Tu es hypnotisé par le groove de la voix de Chris Robinson et transcendé par les furieux bottle-necks de son frangin Rich. Rassure-toi, la légende a trouvé son digne successeur au… Canada.
La première fois que t’écoutes The Commoners, tu reçois une magistrale claque en pleine tronche ou un put. de coup de pied au cul… en fait les deux mon Capitaine et tant pis pour les bleus et les hémorroïdes. C’est ce que j’ai subi (ouf ! Heureusement que je n’ai pas d’hémorroïdes, OK je sors !) lors du festival de hard rock organisé par la très chouette asso du Bully On Rocks (Bully Les Mines 62). Depuis une vingtaine d’années, elle organise deux fois par an un mini festival de hard rock sur lequel j’ai été branché par deux potes il y a deux ans. J’ai, à chaque fois, été scotché par des groupes comme The Quill déjà chroniqué dans nos colonnes. D’ailleurs, les Suisses de Shakra, la tête d’affiche, y ont fait un carton cette année ! Pour The Commoners, mon émotion a été décuplée, d’où cette chronique devenue indispensable pour pouvoir te la partager. Ce soir-là, ils défendaient Restless, un album dont j’ai immédiatement fait l’acquisition sur place. Il s’agit seulement du second opus studio du groupe après Find A Better Way sorti en 2022. Rappelons-nous que les deux premiers albums de The Black Crowes étaient également parfaits.
Vas-y, tu peux aller directement à la fin de ma prose pour cliquer sur le lien en écoute et balancer la sauce de « Devil Teasin’ Me ». Comme disait un de mes profs, un petit schéma vaut mieux qu’un long discours, c’est le même esprit ici.
T’es déjà revenu ? Alors, scotché aussi ? Non ? Next !!!!! Clairement, dès les premières mesures, la magie de The Black Crowes inonde l’espace sonore. Les natifs de Toronto revendiquent l’appartenance de leur style au southern rock sans sombrer dans un plagiat éhonté. On sent qu’ils sont faits pour ce style de musique. Leur prestation scénique les montre avec beaucoup de naturel et d’assurance. Ils sont bien campés dans les bottes des Américains, mais c’est seulement parce qu’ils ont la même pointure. Du coup, c’est avec délice, nostalgie et sans vergogne ou gène que l’on peut se laisser submerger par la dizaine de vagues « vintage » que cette étonnante galette fait déferler. Alors « Devil Teasin’ Me » est un hit en puissance avec un riff inoubliable et un refrain imparable sur fond de chœurs féminins. Instantanément, je suis conquis. Outre le timbre du vocaliste Chris Medhurst semblant sorti tout droit d’une bouteille de whisky, le jeu de guitare de Ross Hayes Citrullo est totalement bandant, enfilant les riffs comme des perles et dégainant des soli slidés et graisseux. T’es saisi à la gorge par le « Devil » qui ne te lâchera plus. « Shake You Off » accélère brutalement le rythme sous l’impulsion d’une section rythmique infaillible constituée de Ben Spiller à la basse et d’Adam Cannon aux fûts. Tu ne tiens plus en place. « The Way I Am » revient du côté des corbeaux noirs, surtout avec son refrain qui rappelle des souvenirs 90’s. « Restless » est une ballade bluesy assez convenue et baignant dans des slides de twin guitare contenus dans un écrin acoustique, un fort joli ensemble bourré d’émotion. « Gone Without Warning » alterne entre couplets rocky et refrain mid-tempo jusqu’à ce qu’un solo endiablé ne soit un prélude à un passage apparenté au « Proud Mary » de Tina Turner. Un surprenant greffon. Leur « Who Are You » n’a, lui, rien à voir avec celui du mythique quatuor british. C’est un boogie rock posé sur une basse baladeuse qui donne direct envie de se remuer les fesses. T’en es déjà au troisième tiers de l’abum et t’as pas vu le temps passer. C’est seulement la seconde ballade de l’album qui se pointe, « Body And Soul » et sa lourde rythmique accompagnée de slides de guitare et de chœurs lancinants en fond sonore. La guitare acoustique de Chris est la trame de l’excellent « See You Again » et là par contre, désolé, mais sa rythmique rappelle fortement celle du « She Talks To Angels » des Ricains précités. Elle donne naissance à une nouvelle ballade imparable sur laquelle les claviers de Miles Evans-Branagh sont beaucoup plus perceptibles que sur les autres titres dans lesquels ils contribuent aux rythmiques sans forcément ressortir de l’ensemble. « Too Soon To Know You » repart sur le même tempo avec une bonne dose de puissance supplémentaire, surtout à partir d’un bridge régénérateur. On pourra tout de même regretter ce ralentissement persistant dans la tracklist à partir du dernier tiers de Restless alors qu’un titre plus rapide aurait pu lui redonner du peps. Il n’en demeure pas moins que chaque chanson est remarquablement ficelée, y compris l’ultime « All That We Have », totalement acoustique et manifestement très personnel, car dédicacé « for Greg » dont on peut extraire le texte « There’s just ghosts of the people we know ». On imagine un proche disparu trop tôt.
Au-delà de ce remarquable album, je dois aussi t’écrire que The Commoners sont vraiment chauds bouillants sur scène, affichant une banane permanente, tout comme le public proche de l’extase à les entendre. J’en ai encore les poils qui se dressent bien que je ne sois pas du genre velu. Après le concert, j’ai eu le plaisir de me faire un selfie avec Chris Medhurst, l’occasion de lui glisser que, quand je fermais les yeux pendant le show, je croyais entendre Chris Robinson, l’autre Chris. Il me fût très reconnaissant en me répondant un « Really ??? » étonnamment incrédule. Fais comme moi et écoute Restless en fermant les yeux et tu comprendras pourquoi.
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