The Bug – London Zoo
The Bug
Ninja Tune
Personne ne le connait. Il apparait sous sa capuche, sa casquette, et parfois avec ses lunettes. Il est un peu le défricheur de l’ombre, le savant fou de l’électronique, le pape du dub en même temps qu’une sorte de Zorro qui signe de la pointe de son beat incisif qu’il est unique. Il a redéfinit les codes du hip-hop abrasif et souterrain avec Techno Animal et l’effrayant « Brotherhood Of The Bomb » chroniqué dans les méandres de ce webzine. Avec lui, on revient à l’essentiel, le dub originel, le grime, l’abstract discret et ses basses analogiques bourrées ras la gueule de puissance immersive. Ce bonhomme, c’est Kevin Martin. Connais toujours pas. Il a réinventé, à l’instar d’un Mitch Harris et à sa manière, le pouvoir hypnotique du rythme, les basses qui font bouger sur le dancefloor, derche, jambes, torses et tête. Pas besoin de démonstration, pas la peine de se la péter ou de se mettre le casque Sennheiser pour faire genre, Kevin Martin en impose juste par les loops qu’il balance. Ses guests, il les bouffe au petit-déj, il les sample à l’envie, il fait des breaks abstraits qui puent le panache, il triture le volume et te ramasse la tête avec de ces basses, nom de Zeus, digne d’une rame de métro folle.
Et que ceux qui trouvent que reggae, grime, hip-hop avec invités qui lancent leur flows sous l’œil inquisiteur de Kevin, ça ne vaut pas un mouvement de cil, mais bordel, qu’ils ouvrent leurs esgourdes ! Ce n’est pas assez expérimental pour se la faire au centre Georges Pompidou, et en même temps trop indé pour passer sur NRJ 12 (mais suffisant pour signer sur Ninja Tune !). Fort le mec. Ça, c’est du dub qui se savoure Madame, intuitif, viscéral, qui fout la pâtée, point. « London Zoo » crée une addiction plus violente que le crack. Chaque titre est un bonheur gustatif sans se prendre la tête. C’est beau, quelque part. Beau dans la démarche de cet homme de l’ombre, beau dans son accomplissement, beau à foutre des suées nocturnes en plein jour (les amateurs de la Villette Sonique savent de quoi je parle).
Ça patate sec, ça se la joue finaud, accompagnateur, marionnettiste, et ça écrase, écrase, écrase et on en demande encore. Bref, si vous êtes un tant soit peu ouvert d’esprit, que le dub ne signifie pas pour vous, et toi, des hordes de pétasses qui dansent en t-shirt mouillé, alors Bug vous montrera l’autre chemin, the dark side of the dub, et tout ça, c’est Kevin Martin. We need to talk about Kevin…
Jérémy Urbain (8/10)
étonnant, entraînant.. j’aime bien !! 😉
Bravo pour cette chro qui nous met assez bien dans l’ambiance, Jérémy !