Tesla – Comin’ Atcha Live! 2008

Comin’ Atcha Live! 2008
Tesla
Frontiers Records
2008

Tesla - comin atcha live 2008

Cette fois-ci, c’est la chronique d’un DVD que j’exhume de la tombe de feu « Les Accros du Metal ». Après 25 ans d’existence (entrecoupés d’une éclipse), 6 albums originaux et plus de 2500 concerts, Tesla nous devait bien un premier DVD. Il nous livra enfin, en cette année 2008, un testament audiovisuel avec Comin’ Atcha Live! 2008, enregistré dans un Myth Nightclub de Maplewood (Minnesota) plein comme un œuf. C’est de notoriété publique, Tesla est un groupe éminemment sympathique. La célébrité de l’inventeur du même nom n’a jamais atteint celle d’un Edison nettement moins génial, mais qui excellait à apprivoiser les medias et donc à se mettre en valeur. Tesla, the band, c’est un peu pareil. Musicalement, ils avaient toutes les qualités pour être une grosse pointure, mais il leur a toujours manqué un « je ne sais quoi » pour y parvenir.

Néanmoins, ce show nous montre cinq zikos bien dans leur peau, y compris le petit dernier, Dave Rude qui avait rejoint le groupe en 2006 pour la tournée Electric Summer Jam avant qu’il ne soit intégré pleinement par la suite. Disons-le d’emblée, ce DVD est un pur bonheur. En effet, on y trouve tous les titres qui ont fait la gloire du groupe. C’est ainsi qu’y figurent peu de morceaux des albums postérieurs à 2000. Il faut bien avouer que ceux-ci m’avaient un peu laissé sur ma faim avec un Into The Now volontairement très direct (très peu de soli) dont l’objectif était de moderniser le son du groupe, et un Forever More chaudement démoulé la même année qui ne réinventait pas l’eau tiède. Depuis, un Simplicity truffé de ballades n’a guère convaincu non plus. Tesla, c’était mieux avant ? C’est la conclusion que je tirais alors de ce DVD et je n’ai pas changé d’avis.

Tesla - Band

En effet, fan de ce groupe depuis un bout de temps, j’attendais avec impatience le moment où il repartirait vers des sentiers un peu plus progressifs pour nous ressortir un CD digne des magnifiques Mechanical Resonance et  Psychotic Supper dont quatre pépites de chaque sont exécutées sur ce DVD. Finalement, il n’a manqué que « Time » pour m’amener vers l’orgasme musical. Alors ne boudons pas notre plaisir à nous replonger dans l’univers de ce combo qui rend hommage à Nikola Tesla dès la superbe animation d’intro. Le groupe ne perd pas de temps à allumer la mèche de son hard rock explosif avec le titre éponyme qui démarre directement par une joute de soli épatante entre Franck Hannon et son jeune émule, Dave Rude. Ce démarrage est explosif. Jeff Keith porte un teeshirt « Rock & Roll Religion » prometteur que Tesla honore pendant tout le show. Le côté émotionnel si caractéristique du groupe fait son apparition avec « What A Shame » dont le refrain prend toujours autant aux tripes et un « Modern Day Cowboy » sans concessions. On s’aperçoit aussi très vite que le son du DVD semble très peu retouché, avec même quelques traces de larsen (« Miles Away »). Le groupe joue très « true » (apparemment, aucun sampler n’a été rajouté) et Franck a fort à faire, passant sans arrêt de sa gratte sèche à l’électrique et aussi aux claviers quand il ne joue pas des deux en même temps (« Hang Tough ») ! Il assure pleinement son rôle de leader du groupe, car si Jeff a le physique de Steven Tyler ou de Mick Jagger, il est quand même loin d’en posséder le charisme. Par contre, il a ce timbre de voix unique et indissociable de la production de Tesla. L’opposition entre Jeff et Dave, les gringalets, d’une part, avec Franck et Brian d’autre part qui subissent plus le poids des ans (voire le poids tout court !), est assez amusante à voir. À la batterie, Troy Mack Luccketta est, comme sur les albums, plutôt effacé et basique. Tous les quatre ou cinq titres, une courte interview de chacun des membres intercale une anecdote plutôt sympatoche.

Le zeppelinien « Heaven’s Trail (No Way Out) » montre Franck maniant le bottleneck avec une dextérité que Jimmy Page n’aurait pas reniée, jusqu’à une fin psychédélique inattendue. Les grands moments de ce concert commencent avec l’imposant « Mama’s Fool », sur lequel c’est au tour de Dave de jouer du bottleneck. Franck se prend pour Hendrix avec un solo, la gratte derrière la tête ou en utilisant les dents, alors que sur une fin encore à la Led Zep, c’est Jeff qui singe Robert Plant. Ne croyez pas pour autant que les membres de Tesla et leur musique n’ont pas leur propre personnalité, bien au contraire. On a le droit en avant-première à « Dear Private Lead Better », un titre figurant sur Forever More, non encore sorti à la date du show. La triplette tant attendue « Paradise / Love Song / What You Give », nous fait piquer les yeux et grimper l’émotion à son paroxysme. Mais le monumental « Song And Emotion » et surtout le titre le plus sombre du groupe, « Freedom Slave », nettement moins souvent joué en concert habituellement, font passer le chaud et le froid sur le public, entre les ambiances aériennes et les riffs pachydermiques à la rythmique plombée. La fin en fading de « Freedom Slave », entre psyché et funky, impulsée par les deux gratteux, vaut son pesant d’or : du grand art ! Le temps que Brian nous déclame son amour pour UFO et Tesla enchaîne avec le cover « Rock Bottom » sur lequel les Gibson de Franck et Dave se tirent la bourre avant de s’associer pour une partie de twins bandante. « Into The Now » montre alors fugacement le côté moderne du combo avec Franck se risquant à quelques scratchings étonnants. Jeff annonce qu’ils ont encore le temps de jouer quelques morceaux et c’est tant mieux car l’hymne acoustique « Sign » voit Franck vêtu d’une cape et d’un chapeau US le temps d’une fausse intro sur laquelle les décibels pleuvent dru. Ensuite, les accords de gratte sèche s’unissent aux chœurs du public pour frissonner de concert.

Tesla - Band

Beaucoup l’ignorent, mais c’est Tesla qui avait lancé la mode des shows unplugged avant que Nirvana, Nine Inch Nails et consorts ne leur emboîtent le pas pour se construire leur propre légende débranchée. « Criez très fort pour nous rappeler le temps d’en jouer encore une petite », s’exclame Jeff à l’attention d’un public pas tout jeune mais enclin à la fête comme ce sosie de Jack Sparrow calé à droite de la scène. « Little Suzy » est introduit par l’unique véritable cri de Jeff de tout le concert (quand je vous disais qu’il est peu expansif !) avant un « Edison Medicine » dont le solo d’intro anthologique est étonnamment laissé à la charge de Dave. Ce titre est un peu relooké au niveau de la rythmique avec l’ajout d’harmoniques artificielles qui le rend encore plus hard alors qu’il s’agit déjà d’un des plus musclés de la discographie de Tesla. « You kicked my ass » dira Jeff en guise d’au revoir, mais c’est surtout Tesla qui nous aura fait exploser les hémorroïdes le temps d’un show dantesque et sans faute de goût. À part ce concert, on a droit en bonus à une heure de backstage avec, entre autres, une présentation du matériel utilisé par le groupe et des échanges avec leurs fans.

Des DVD de cette facture, on en redemande même si on regrettera l’absence de 5.1. Il faut se contenter de 2.0 Dolby Digital mais c’est un moindre mal car l’important dans un DVD, c’est que le groupe soit au top et que cela soit bien filmé. De ce point de vue-là, il n’y a rien à redire et c’est, fort heureusement, toujours le cas neuf ans après.

Rudy Zotche

http://teslatheband.com/

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