Terra Nebrosa – The Purging

The Purging
Terra Nebrosa
2013
Trust No One Recordings

Terra Nebrosa – The Purging

La fin du monde est arrivée, d’une certaine manière tout du moins. La Terre est encore là et elle le sera encore pendant un certain nombre de milliers d’années. La nature, mine de rien, a repris ses droits dans une anarchie contrôlée, dessinant des paysages comme jamais on aurait pu les capter auparavant. L’être humain, lui, n’est plus. Il a changé. Il s’est métamorphosé ou a complètement disparu de la surface. Seul errent maintenant des ombres, des silhouettes encapuchonnées. Ni vivants, ni morts. Des êtres aux visages tuméfiés, diaboliques. Ils ont l’aspect de créatures mythologiques, faunes, lutins, à l’âge indéterminé. Ils peuvent rester des heures sans bouger, immobiles, monolithes amenant les vers et les insectes de la destruction. Leurs yeux d’airains sans regard fixent à jamais un horizon perdu. Le vent accompagne leur arrivée. D’où ils viennent ? Nul ne le sait et nul ne le saura plus. Les livres, les bibliothèques ont disparu. Tout a brulé dès l’apparition des phénomènes. Le commun des mortels trépassaient pour revenir après en des formes terribles, prenant la vie des leurs dans le silence.

Plus de cris, plus de gémissements. Vient le règne de la mort. Celle qui fauche les âmes, celle qui aspire la vie, le suc, le fluide. Le royaume de la non-vie, car ce qui est mort ne l’est pas pour longtemps. Les gouvernements se sont effondrés, les sociétés ineptes, ridicules et bavardes désagrégées. Plus d’énergies, plus de matérialisme, plus de spirituel non plus. Une nouvelle ère, sans bruit, sans bruissement, rien… Les hommes ont bien tentés de résister, de comprendre… Pure perte accablante. L’armée fut aussi efficace qu’un enfant de six mois, la religion s’est cassé dents, gencives et mâchoires, le savoir a brulé, philosophie, psychologie, sémiologie, mathématique, physique… Rien ne pouvait entraver la venue des ombres. Rien ne pouvait les disperser, les faire reculer, les hérisser, les effrayer. C’était la fin, fin de l’Homme, de la Nature. Les survivants ont tenté de fuir, loin, loin et en pure perte.

Les silhouettes arrivaient toujours, lentement, imperturbables, traquant la nuit, immobiles le jour comme mues par un instinct de mort. Du sang se déverse sur leur menton osseux, nous rappelant sans cesse que nous naviguons sur une coquille vide. On pourrait presque croire à une de ces invasions zombies, mais il n’en n’est rien. Ce terme n’a plus aucun sens désormais. Cela est pire, plus terrifiant, méthodique, sournois, surnaturel. Rien ne pouvait préparer à cela, rien ne peut l’arrêter. Les derniers survivants se battent contre des ombres qui ne ressentent rien, ne sont jamais blessées, n’aspirent à rien. Combien restent-ils de survivants ? Hommes, nous ne le sommes plus, une légende tout au plus. Un vague souvenir d’un roman de Matheson, rien de plus, rien de moins non plus. C’est ce qui nous reste. Et pendant que j’écris ces mots, je sens ma vie partir à petits feux.

Les créatures approchent, le soleil se couche. Je ne peux plus fuir, leurs mouvements livides reprennent et nous prennent de vitesse. Bientôt, je serai comme eux, à errer à jamais sur cette planète, à moins que ce soit ce que je faisais déjà… Venez… Je n’ai plus peur. Que tout s’arrête, maintenant…

Jérémy Urbain (8/10)

Page Facebook officielle de Terra Nebrosa

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