Tarja – Colours In The Dark
Tarja
2013
Née le 17 août 1977 dans le petit village de Puhos en Finlande, Tarja Turunen manifeste, dès l’enfance, un grand talent pour le chant et le piano classique. A l’adolescence, elle intègre donc logiquement la fameuse académie Sibélius où elle développera notablement ses compétences, aiguisant son timbre lyrique et perfectionnant la musique de chambre. En 1996, elle se retrouve parmi les membres fondateurs de Nightwish à la demande de son ami d’enfance Tuomas Holopainen. En 1997, sort le premier opus du groupe, intitulé « Angels Fall First », suivi l’année suivante par « Oceanborn » qui lui ouvrira les portes de la reconnaissance internationale. Dans le même temps, Tarja commence à être sollicitée pour chanter dans plusieurs émissions populaires finlandaises, ce qui n’ira pas sans entraîner de nombreuses jalousies au sein de Nightwish. Qu’importe : la formation continue sur sa lancée et publie en 2000 le mythique « Wishmaster » puis, en 2001, l’EP « Over The Hills And Far Away » en forme de coup de chapeau au grand Gary Moore.
En 2002, le groupe effectue une tournée mondiale couronnée de succès, à l’issue de laquelle Tarja part s’installer à Karlsruhe en Allemagne pour y faire un court break avant de reprendre le chemin des studios pour l’enregistrement de « Century Child », qui possède un plus grand contraste vocal que ses prédécesseurs. L’attente et les sollicitations des fans se font de plus en plus fortes et, le 21 octobre 2005, Tarja occupe à nouveau les devants de la scène avec la publication du magistral « Once ». Hélas, après un concert sold-out à l’Areena Hartwall d’Helsinki, le gang publie en 2006 le live « End Of An Era », au titre évocateur puisque ses acolytes décident, avec pertes et fracas, de continuer leur aventure sans leur emblématique chanteuse, à laquelle ils adressent du reste une lettre ouverte quasiment insultante !
Notre belle finlandaise, grâce entre autres au support sans faille de son mari argentin Marcelo Cabuli, ne s’en laisse pas compter et décide de se lancer aussitôt dans une carrière solo. Désormais établie à Buenos Aires, elle enregistre en 2007, dans le studio du célèbre compositeur Hans Zimmer à Los Angeles, un premier opus mi-figue mi-raisin, baptisé « My Winter Storm », qui offre un mélange moyennement convaincant de rock alternatif, de metal symphonique et de musique classique. « What Lies Beneath », son successeur publié en 2010, redresse notablement la barre en revenant vers un style proche de Nightwish et il est suivi par deux live de belle facture (« In Concert Live At Sibelius Hall » et « Act I », sortis respectivement en 2011 et 2012).
Avec son nouvel album, Tarja frappe aujourd’hui un joli coup d’éclat. Baptisée « Colours In The Dark », cette cuvée 2013 démarre sur les chapeaux de roue avec le splendide et théâtral « Victim Of Ritual » qui évoque carrément le « Boléro » de Ravel ! La voix sublime de soprano de Miss Turunen y est particulièrement bien mise en valeur. Dans la foulée, notre princesse finlandaise alterne avec brio le rêve (l’onirique ballade « 500 Letters ») et le cauchemar (l’angoissant « Lucid Dreamer », aux ambiances inquiétantes) avant de nous pondre, avec « Never Enough », un single qui devrait faire un carton à la radio. Suit le mystérieux « Mystique Voyage », aux climats oniriques à souhait. Grosse surprise lorsque la belle reprend le somptueux « Darkness » de Peter Gabriel, morceau sombre et tourmenté à souhait qu’elle apprivoise haut la main.
Après ce moment d’extase, Tarja se fend avec « Deliverance », « Neverlight » et « Medusa » d’un superbe trio mélodique, aux atmosphères envoutantes et contrastée. Quel dommage, dans ce contexte, qu’elle se prenne pour Céline Dion sur « Until Silence ». No comment… C’est toutefois la seule fausse note d’une œuvre par ailleurs parfaitement maîtrisée qui risque fort de scotcher au plafond les fans de metal lyrique. Well played Tarja !
Bertrand Pourcheron (8/10)