Synopsys – Le Temps Du Rêve

Le temps Du Rêve
Synopsys
Autoproduction
2017

synopsy le temps du rêve

Je ne vous apprendrai rien en écrivant qu’un Synopsys (en fait, synopsis, orthographiquement parlant) est le résumé d’une œuvre. La lourde tâche qui m’incombe aujourd’hui est d’écrire celui de Le Temps Du Rêve. Je ne sais pas si celle-ci est plus lourde que l’ambiance de cet album, pourtant il me semble qu’il s’agit plutôt de l’inverse. Nous plongeons ici dans un post-rock versatile et métallique. Cet amphisbène oppose en permanence des ambiances calmes, limite planantes à d’autres plombées de riffs sauriens.

Ainsi, l’introductif (et instrumental à 95 %) « Morning In The Wilderness » préfigure tout à fait ce que sera cet album bien qu’il n’en dévoilât pas tous les recoins. Après l’EP Timeless sorti en 2014, les quatre années qui ont suivi ont été mises à profit par Synopsys pour élaborer la présente œuvre musicale. Celle-ci est doublée d’une œuvre cinématographique puisqu’un moyen métrage conceptuel mettant en scène ces compositions a été tourné. Ce film, constitué d’images d’archives, de plans « maison » et de plans spécifiquement tournés par des artistes, sortira à l’automne.

SYNOPSYS BAND

J’ai tout d’abord bêtement pensé que la symbolique parlerait de l’hypothétique reconstruction du célèbre « Pont d’Avignon » (Le Temps du Rêve, quoi !) d’où est originaire le combo. Je me trompais lourdement (en même temps, je m’en doutais un peu) ! Cette œuvre évoque le début, la fin et l’éternel recommencement d’un rêve. Synopsys prolonge le concept lors de ses concerts en déroulant d’une traite l’album sur les visuels tirés du film.

Les cinq Avignonnais se sont entourés d’une foultitude de musiciens additionnels avec pour principal objectif d’enjoliver leur travail par l’apport de sonorités classiques. Amateurs de rythmes enlevés style « power metal », passez votre chemin. Ici on ne dépasse jamais les quelques bpm. On pourrait parler de post-rock doomesque tellement le propos est pesant.

Bien que le terme « œuvre » ne soit pas galvaudé, une certaine linéarité suppure de cet album torturé dont l’ambiance est plus cauchemardesque qu’empreinte de simples rêves comme le commun des mortels en fait chaque nuit. En revanche, la richesse des sonorités et des vocalités qui le truffent contrebalance habilement cette absence de variations rythmiques. Le climat ambient de chaque morceau est parfaitement en phase avec le propos développé dans les textes. Ainsi, l’opposition entre chant déchiré et chant déclamé de « Reverie Of Rising Star » reproduit bien l’antinomie entre les dures réalités d’ici-bas et la poésie stellaire et imaginaire. De même, l’intro de « Leviathan » me paraît évoquer très judicieusement la métaphore de la sirène de détresse d’un bateau cherchant à fuir le monstre marin, illustrant en cela le destin qui vient faucher l’être aimé.

Les rythmes et les riffs sont extrêmement pulsatifs et herculéens. Ils nous emportent dans les profondeurs abyssales de nos terreurs nocturnes. Les passages dépourvus de saturation, a priori plus légers de par leur nature intrinsèque, recèlent en fait leur lot d’anxiété angoissante à cause de tonalités d’accords inquiétantes et sombres. Ces flux et reflux sonores permanents nous noient dans des flots d’ire (« Into The Abyss ») et d’ébène (« Beyond The Black Ocean »). Nous sommes dissous dans un vortex hadal d’où une renaissance nous extirpe aux forceps (« Dusk »), un peu comme un pénible réveil après une nuit ténébreuse et agitée.

Le Temps Du Rêve n’incite vraiment pas à l’allégresse. À cultiver en permanence cette noirceur lancinante, Synopsis nous y engloutis à dessein mais également nous étreint d’une certaine lassitude, envoutés que nous sommes par ce rythme processionnaire et sépulcral permanent.

J’ai écrit lassitude ? Peut-être est-ce moi qui suis défoncé après une nuit au sommeil chaotique ? Je savais bien que ça serait une mauvaise idée d’écouter cet album juste avant de me coucher ! Il va me falloir une « Mary Celeste » pleine à ras bord de « Tranxène » pour réussir à replonger plus sereinement dans les bras de Morphée après que Synopsys ait trempé chacun de mes neurones dans son océan musical à la noirceur occulte.

Rudy Zotche

http://www.synopsys-project.com

http://www.facebook.com/synopsysproject

 

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