Symphony X – The Divine Wings Of Tragedy
Symphony X
Inside Out
Autant le clamer haut et fort d’entrée de jeu : « The Divine Wings Of Tragedy » fut, en 1997, une véritable fusée à réaction qui propulsa sur Jupiter nombre de fans de prog’ metal. La carrière de ce combo américain de toute première bourre n’avait cependant, pour reprendre l’expression consacrée, jamais été un long fleuve tranquille. S’il jouissait alors d’une certaine notoriété au Japon, le groupe, pourtant formé début 1994, faisait en effet figure de parfait inconnu en Europe et, plus étonnant encore, aux States. Nul n’est prophète dans son pays me direz vous fort à propos… Il était toutefois bien difficile de ne pas se demander comment un combo d’une telle envergure avait pu, exception faite d’une fugace apparition sur le « Tribute To Rush », passer aussi longtemps au travers des mailles du filet discographique tendu par Magna Carta et se retrouver contraint à l’autoproduction. Toujours est-il qu’après la parution de deux premiers albums déjà joliment balancés, Symphony X asseyait avec ces « Ailes divines de la tragédie » son formidable talent créatif.
Survolée par le gosier de braise de Russel Allen, dont le timbre évoquait, lors des phases d’accalmie Mike Baker de Shadow Gallery (le bouleversant « Candlelight Fantasia »), la musique du combo avait tout du croisement fulgurant d’un Angra mariné à la sauce Queen grand-veneur avec un Dream Theater dopé au whisky brassé maison. Aussi à l’aise dans les morceaux couillus branchés sur la gégène (« Of Sins And Shadows », « Pharaoh ») que dans les longues épopées homériques (« The Accolade » ou « The Divine Wings Of Tragedy », surplombant l’édifice du haut de ses vingt minutes), ces nouveaux seigneurs de la guerre faisaient preuve d’une furia saignante alliée à un éclectisme jamais démenti.
Inspiré dans la tourmente (la démente partie centrale du morceau titre sus-cité, au cours de laquelle guitares et claviers se renvoyaient la balle avec une dextérité affolante) comme dans la démesure grandiloquente (le faramineuse ouverture de « The Divine Wings Of Tragedy », aux chœurs dignes du « Nabucco » de Verdi et aux furieux breaks guitare/basse/batterie), Symphony X s’affichait, en 1997, comme l’une des nouvelles figures de proue d’un courant musical qui avait le vent en poupe. La suite nous donna, du reste, amplement raison. Putain, la baffe !
Bertrand Pourcheron (9/10)